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© AFP/Rogerio Barbosa
Lance Armstrong
, le 29 août 2012 lors du congrès mondial sur le cancer à Montréal, au Québec
Le directeur du Laboratoire antidopage de Lausanne Martial Saugy est formel: un test d'Armstrong de 2001 avait bien donné un résultat suspect mais "jamais" il n'aurait pu être qualifié de positif à l'EPO, même aujourd'hui, explique-t-il dans un entretien à l'AFP.
Cet échantillon du Tour de Suisse 2001 est l'un des éléments avancés dans le dossier à charge de l'Agence antidopage américaine (Usada) contre le futur ex-septuple vainqueur du TOUR DE FRANCE, et qui vaut à l'Union cycliste internationale (UCI) d'être soupçonnée d'avoir couvert le cycliste texan.
Surtout que deux des témoins clés de ce rapport, Floyd Landis et Tyler Hamilton , deux ex-coéquipiers d'Armstrong, ont assuré que Lance Armstrong s'était vanté d'avoir étouffé un contrôle positif à l'EPO sur cette édition du Tour de Suisse.
"Il n'y avait aucun positif sur le Tour de Suisse 2001", insiste Martial Saugy. En revanche, son laboratoire avait bien signalé trois cas "suspects" d'EPO, c'est-à-dire frôlant le seuil de positivité de l'époque, dont l'un provenant d'Armstrong, comme il l'apprendra plus tard.
Si dans son rapport l'Usada sous-entend que ce test aurait pu être déclaré positif avec les critères moins conservateurs désormais en vigueur, le scientifique est lui convaincu qu'il n'aurait aucune valeur juridique.
"Jamais aujourd'hui on ne pourrait défendre ce résultat comme positif, c'est impossible, souligne le chercheur. Depuis 2003, une procédure de qualité des analyses oblige à tenir compte des risques qu'on appelle de fausse positivité pour vérifier que l'urine n'était pas modifiée par la physiologie du coureur ou dégradée par une bactérie. Ceci n'avait pas été fait à l'époque et ces urines n'existent plus parce que les règles n'imposaient pas de les conserver".
Au début des années 2000, le test de détection de l'EPO venait d'être mis au point par Françoise Lasne, au laboratoire antidopage de Paris, mais les deux premiers coureurs positifs furent déclarés par Lausanne grâce à cette méthode.
Mais la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) de blanchir le Danois Bo Hamburger - le premier cas d'EPO porté en appel - au motif que la probabilité de positivité était insuffisante, incita laboratoires et fédérations à être prudentes dans les procédures.
"Armstrong a eu un autre résultat suspect lors du Dauphiné Libéré en 2002. La politique de l'UCI à l'époque était, en cas de résultats anormaux et surtout quand il s'agissait de coureurs importants, de les convoquer et de leur demander des explications. C'était leur approche de la prévention", explique le chercheur
"L'UCI m'a dit fin juin 2002: +on a averti le coureur pour lequel vous aviez un résultat suspect en 2001, il a donné un autre résultat suspect rendu par un autre laboratoire et il aimerait savoir par quelle méthode il est jugé+. Ce coureur, c'était Armstrong, c'est là que je l'ai appris", se souvient le biologiste suisse.
C'est ainsi qu'au départ du TOUR DE FRANCE 2002 à Luxembourg, à la demande du médecin de l'UCI, Martial Saugy se retrouve à présenter le test de détection de l'EPO à Lance Armstrong et son directeur sportif Johan Bruyneel . "La situation était sensible", estime-t-il, et cela lui vaudra des reproches de l'AMA dix ans plus tard.
C'est possiblement à cet épisode que devait faire allusion Armstrong quand il s'est vanté auprès de ses coéquipiers, selon Martial Saugy.
"C'est assez paradoxal. Maintenant, on a presque l'impression que notre laboratoire a voulu couvrir des choses alors qu'à l'époque nous étions unanimement critiqués par les instances sportives et même par les scientifiques de la lutte antidopage qui nous reprochaient d'être trop téméraires", estime le chercheur, un brin amer.