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© AFP/Paolo Cocco
L'équipe US Postal lors d'un contre-la-montre par équipes pendant le TOUR DE FRANCE 2004.
Intimidation, omerta et protection ont permis à Lance Armstrong de régner sur le peloton pendant une décennie comme le laisse entrevoir le rapport motivé de l'Agence antidopage américaine (Usada) sur le futur ex-septuple vainqueur du TOUR DE FRANCE publié cette semaine.
Alors que rumeurs et soupçons n'ont cessé d'émailler sa carrière, alors que ses principaux rivaux ont tôt ou tard été rattrapés, tout comme d'anciens coéquipiers, il est étonnant de voir comment le Texan a réussi à contourner tous les pièges de la lutte antidopage et préserver intact son palmarès jusqu'à sa retraite en 2010.
C'est seulement la subite envie de son ancien coéquipier de l'US Postal, Floyd Landis , de soulager sa conscience au printemps 2010, qui a permis de mettre à mal son épopée glorieuse et inciter les autorités américaines à enquêter sur ses méthodes.
Les témoignages recueillis sous serment montrent comment Lance Armstrong avait l'art de faire prendre le pli à ses coéquipiers. Christian Vande Velde relate ainsi qu'à la suite du TOUR DE FRANCE 2002, Armstrong s'en était pris durement à lui en l'avertissant que s'il ne suivait pas le programme de dopage établi par le préparateur italien Michele Ferrari, à base d'EPO et de testostérone, il serait évincé de l'équipe.
La complicité au sein de l'équipe poussait les coureurs à s'avertir si un contrôleur antidopage était en vue. George Hincapie dit ainsi avoir envoyé un message à Armstrong sachant que ce dernier avait pris de la testostérone dans les jours précédents et le Texan avait abandonné la course pour éviter d'être testé.
Même en dehors de son équipe, Armstrong tentait d'imposer le silence. Lors du TOUR DE FRANCE 2004, parce que Filippo Simeoni avait témoigné contre le Dr Ferrari devant la justice italienne, Lance Amstrong part en chasse derrière le coureur italien échappé du peloton et le menace verbalement: "Je peux te détruire".
Pour les cures de dopage, selon Tom Danielson, Armstrong avait trouvé un havre de paix à un hôtel de Puigcerdà, ville frontière avec la France située dans les Pyrénées espagnoles, où "il était virtuellement certain de ne pas se faire contrôler".
Et pendant le TOUR DE FRANCE, l'équipe d'Armstrong, via son directeur sportif Johan Bruyneel , bénéficiait à l'évidence d'informations privilégiées, comme l'ont avancé plusieurs de ses anciens coéquipiers.
Selon David Zabriskie , "Johan (Bruyneel) semblait toujours savoir quand les contrôleurs arrivaient sur les courses. Son avertissement +ils vont venir demain+ s'est réalisé plus d'une fois". Jonathan Vaughters dit la même chose: "D'ordinaire, nous semblions avoir un préavis une heure à l'avance avant les contrôles. Nous avions largement le temps de prendre des solutions salines pour faire baisser notre niveau d'hématocrite".
Le chapitre consacré au Tour de Suisse 2001 laisse songeur sur la protection dont il a pu bénéficier. Floyd Landis et Tyler Hamilton ont tous les deux raconté qu'Armstrong s'était vanté d'avoir réussi à étouffer un contrôle positif à l'EPO durant ce Tour, après avoir contacté l'UCI dirigée alors par Hein Verbruggen.
Le laboratoire antidopage de Lausanne avait bien rapporté comme "suspicieux" un échantillon attribué à Armstrong, mais n'avait pu le déclarer positif au vu des critères requis à l'époque.
La Fédération internationale (UCI) a insisté par le passé qu'"aucun contrôle n'a révélé la présence d'EPO dans les échantillons prélevés sur les coureurs lors du Tour de Suisse 2001", et que si elle avait bien reçu deux dons d'Armstrong dans les années 2000, ils n'étaient en rien liés à cette affaire.
L'Usada a demandé à la Fédération de lui transmettre les résultats de l'analyse pour voir si cet échantillon serait considéré positif avec les critères actuels. Mais s'est vu opposer une fin de non recevoir de l'UCI au motif qu'elle n'avait pas le consentement de Lance Armstrong .