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© AFP/Tom Pennington
L'ancien cycliste américain Lance Armstrong
à Austin, au Texas, le 21 octobre 2012
Lance Armstrong prévoit bien de faire des aveux de dopage lors de son entretien télévisé avec l'animatrice Oprah Winfrey mais il ne faut pas s'attendre à une description détaillée de son système.
Selon le site internet d'USA Today, l'ancien cycliste américain va enregistrer lundi l'émission très attendue qui sera diffusée sur la chaîne OWN jeudi (02h00 GMT vendredi) sur la chaîne de télévision et le site internet de la reine de l'audimat, qui a été la confidente de l'Amérique pendant des années.
USA Today, s'appuyant sur une source anonyme, assure qu'Armstrong va avouer lors de ce face-à-face, que Winfrey a promis "sans concession", avoir triché durant sa carrière, après des années de fermes dénégations.
Mais ceux qui espéraient qu'Armstrong allait lâcher des détails devraient en être pour leurs frais. Dans le confort des 800 m2 de sa maison d'Austin, Armstrong n'entend pas s'attarder sur les produits, les méthodes, les complices qui lui ont permis de régner en maître sur le peloton, selon USA Today.
Radié et déchu de l'essentiel de ses titres, notamment les sept Tours de France (1999-2005) remportés après avoir vaincu un cancer, le Texan de 41 ans est acculé.
Le dossier de l'Agence américaine antidopage (Usada) qui l'accuse d'avoir contribué à la mise en place du "programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport" au sein de l'équipe US Postal lui a fait perdre une crédibilité énorme et bouleversé le monde du cyclisme.
Jamais officiellement contrôlé positif, Armstrong est tombé principalement à cause des témoignages d'une dizaine de ses ex-coéquipiers, qui l'ont dépeint sous un jour noir: un tricheur, un menteur, un intimidateur.
Depuis les sanctions de la justice sportive, Armstrong a perdu la plupart de ses sponsors et a dû couper les ponts avec Livestrong, la Fondation de lutte contre le cancer qu'il avait créée en 1997 après avoir vaincu la maladie et pour laquelle il aurait levé environ 500 millions de dollars (340 M EUR).
Le New York Times indiquait la semaine dernière qu'il cherchait à faire des aveux afin notamment d'obtenir une réduction de sa suspension à vie et qu'il avait pour cela rencontré le patron de l'Usada, Travis Tygart, qu'il accusait il y a peu encore de mener contre lui une "chasse aux sorcières".
Selon le Code mondial antidopage (article 10.5.3), la suspension à vie d'Armstrong pourra être réduite s'il apporte "une aide substantielle" aux autorités antidopage mais pas pour une durée inférieure à huit ans.
L'Américain prend des risques juridiques et financiers à avouer ses fautes mais ce fin calculateur et savant communicant a pu assurer ses arrières.
Les risques d'être poursuivi par le parquet pour parjure, après avoir affirmé sous serment en 2005 ne s'être jamais dopé, semblent ainsi couverts par le délai de prescription, qui est en général de cinq ans. Le gouvernement pourrait quand même s'intéresser à la fraude dans l'utilisation de l'argent public qui finançait l'US Postal mais le parquet avait laissé tomber une enquête sur Armstrong en février 2012 sans donner d'explication.
Des donateurs de Livestrong, des sponsors ou des adversaires qu'il a traînés dans la boue pourraient chercher à régler leurs comptes en justice.
C'est déjà ce qu'ont entrepris le quotidien britannique The Sunday Times et la société d'assurances américaines SCA Promotions. Mais, Armstrong, dont la fortune est estimée à près de 100 millions de dollars, a les poches assez profondes pour offrir des arrangements financiers sans aller jusqu'à la phase contentieuse.