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© AFP/Saul Loeb
Une personne regarde sur son ordinateur l'interview du cycliste Lance Armstrong
par Oprah Winfrey, le 17 janvier 2013 à Washington
Lance Armstrong a reconnu jeudi que son histoire "mythique et parfaite" était un "gros mensonge" mais n'a pas convaincu ses détracteurs, qui lui demandent d'aller plus loin, alors que ses aveux de dopage, même prudents, l'exposent désormais aux poursuites.
En révélant son passé dans la première des deux parties de son face à face télévisé avec l'animatrice Oprah Winfrey, l'ancien cycliste a "fait un pas" dans la bonne direction mais, selon ses critiques, il lui faudra en dire beaucoup plus s'il veut vraiment prendre le chemin de la rédemption.
Le Texan de 41 ans, qui n'est pas apparu contrit et n'a pas formulé de regrets, a balayé d'un revers de la main une décennie de dénégations en concédant finalement qu'il n'avait roulé proprement lors d'aucune de ses sept victoires dans le TOUR DE FRANCE (1999-2005). Mais il a précisé qu'il n'était pas dopé lors de ses deux dernières participations (2009, 2010).
La suite de ses aveux devait être diffusée vendredi aux Etats-Unis (samedi à 02h00 GMT) mais devrait laisser sur leur faim ceux qui veulent en savoir plus.
La sortie de l'ancien "boss" du peloton a été vue par le directeur du TOUR DE FRANCE Christian Prudhomme comme "un exercice de communication millimétré".
"Il faut qu'on en sache plus, a-t-il dit. On ne peut pas se doper comme il l'a fait pendant des années sans complicité."
Armstrong a plusieurs fois dit jeudi qu'il "ne voulait accuser personne" et que "tout était de sa faute" et a juste concédé que le programme dont il profitait était "professionnel et intelligent".
Le Comité international olympique l'a instamment prié de se confier aussi aux autorités sportives pour mettre fin à ce "sombre épisode", ce qu'attendent impatiemment les Agences américaine et mondiale antidopage (Usada et Ama).
"Il y a encore tellement de gens présents dans ce sport qui n'y ont rien à faire", a assuré l'Italien Filippo Simeoni, humilié par le rouleau compresseur Armstrong après avoir révélé le rôle trouble du préparateur italien Michele Ferrari, que l'Américain a qualifié jeudi de "bonne personne".
En collaborant avec les autorités antidopage, Armstrong pourrait obtenir une réduction de sa suspension à vie.
Dans sa première interview, enregistrée lundi, depuis qu'il a été déchu en octobre de ses titres et radié à vie sur la base du rapport accablant de l'Usada, Armstrong a assuré que se doper en vue d'une course était aussi normal que de "gonfler ses pneus" ou "mettre de l'eau dans son bidon".
"Je vois cette situation comme un gros mensonge. J'ai pris ces décisions, ce sont mes erreurs. Je suis là pour dire que je suis désolé", a confié le Texan, qui a dit qu'il n'avait jamais forcé ses équipiers à tricher, même s'il a reconnu avoir intimidé ceux qui ne croyaient pas à son histoire "mythique, parfaite" de survivant du cancer capable de dominer sept fois la plus grande course du monde à la seule force de ses mollets et de sa volonté.
Il a aussi assuré qu'il n'avait eu pas l'impression de tricher en raison de la "culture" de l'époque.
L'UCI s'est frottée les mains d'entendre Armstrong dire qu'il n'avait pas fait un don à l'institution en échange d'un camouflage d'un contrôle positif sur le Tour de Suisse 2001. "Ceux qui (nous) avaient accusés ou soupçonnés sont sans doute déçus", a réagi Hein Verbruggen, l'ex président de l'instance.
Des anciens vainqueurs du TOUR DE FRANCE, que ce soit un admirateur déçu comme Eddy Merckx ou des ennemis farouches comme Greg LeMond , ont vivement regretté que l'Américain jette l'opprobre sur les autres coureurs en affirmant qu'il n'était pas possible de gagner la Grande Boucle sans se doper.
Avec ces aveux, Armstrong "s'est exposé à de plus grandes poursuites civiles", selon Michael McCann, juriste à l'université du New Hampshire.
D'après une source proche du dossier, le ministère de la Justice a demandé un délai supplémentaire pour dire s'il se joint à une plainte, déposée en 2010 par l'ancien co-équipier d'Armstrong, Floyd Landis , visant à récupérer l'argent public versé par la US Postal à l'équipe du coureur.
Le gouvernement aurait versé plus de 30 millions de dollars à l'équipe et peut espérer récupérer trois fois cette somme.
Le Texan, qui doit rembourser les primes de course touchées pendant son règne, est déjà menacé par deux procès au civil (par l'hebdomadaire Sunday Times et l'assureur SCA Promotions) pour près de 10 millions de dollars.
Mais selon Jordan Kobritz, ancien avocat et juriste à l'université SUNY Cortland, "le résultat le plus logique serait qu'Armstrong passe un accord" avec les plaignants "et les achète", ce qui est dans ses cordes. L'ancien héros du TOUR DE FRANCE pèserait entre 100 et 125 millions de dollars.