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© AFP/Mandel Ngan
Image de Lance Armstrong
tirée de son interview à la chaîne télévisée OWN d'Oprah Winfrey, le 17 janvier 2012.
"Mon cocktail était EPO, mais peu, transfusions sanguines et testostérone". Le recours avoué par Lance Armstrong à ce triptyque de dopants n'est pas une surprise pour les acteurs de la lutte antidopage qui ont, depuis les saisies dans l'affaire Puerto, une vision documentée des pratiques du peloton.
L'EPO (érythropoïétine) fut dans les années 90 le nec plus ultra du dopé, utilisé tout au long de l'année, hors et en compétition, en toute impunité jusqu'à la mise en service sur le Tour 2001 du test de détection élaboré par le laboratoire français de Chatenay-Malabry.
Il est probable que cette hormone, qui induit une hausse de la production des globules rouges, favorise l'oxygénation des muscles et donc l'endurance, ait été massivement utilisée par Armstrong lors de ses deux premières "victoires" dans le TOUR DE FRANCE, en 1999 et 2000, comme l'avait prouvé l'analyse positive à fin de recherche de six de ses échantillons de 1999, révélée par le quotidien l'Equipe en 2005.
C'est en 2001 que tout a changé. "A partir du test", raconte Michel Audran, professeur de biophysique à l'université de pharmacie de Montpellier, "les coureurs ont eu deux solutions: soit arrêter l'EPO dans les trois à sept jours précédant une course pour être propres, mais cela ne valait que pour les courses d'une semaine ou l'effet de la cure perdurait, soit passer à la transfusion" pour les plus nantis, ce qui était sans nul doute le cas du (alors) double vainqueur du Tour.
Econome de ses apparitions - il ne disputait jamais le Giro en mai -, Armstrong avait tout loisir d'organiser ses transfusions dans les semaines précédant la Grande Boucle. "Ceux qui ne courraient pas le Tour d'Italie le faisaient en mai, les autres en hiver", reprend Audran, spécialiste de dopage sanguin dont les connaissances, comme celles de ses collègues, ont été "dopées" par l'affaire Puerto et les documents saisis en Espagne chez le docteur Fuentes.
En pratique, les coureurs se rendaient dans un endroit paisible pour une cure d'EPO, voire de testostérone, d'hormone de croissance, puis se retiraient du sang, conservable durant sept semaines ou plus longtemps pour ceux disposant d'un appareil de congélation, coûtant au minimum 50.000 euros.
En général, pendant la course, "une transfusion dans les Alpes et une dans les Pyrénées, souvent les jours de repos" selon Audran, suffisaient à maintenir le niveau de forme d'un coureur.
Dans ce cas, les tests à l'EPO restaient négatifs, les coureurs ne se réinjectant que les globules rouges exempts de toute trace de dopant.
La donne a de nouveau changé en 2005. Cette année-là, les contrôles inopinés sont entrés en vigueur et avec eux la crainte de voir débarquer les préleveurs en pleine cure. Mais cette saison-là fut aussi la dernière du règne du Texan sur la Grande Boucle.
Les transfusions autologues (avec son propre sang), toujours indécelables, sont restées prisées des cadors du peloton qui, pour rester négatifs, ont substitué les prises massives par des micro-dosage d'EPO ou des patches de testostérone, substance permettant outre la réparation des fibres musculaires, des effets comparables à ceux de l'EPO.
Quant à l'hormone de croissance, les IGF1 (facteurs de croissance) et l'insuline, les autres produits consommés par le peloton et probablement par Lance Armstrong , leur test de détection est tellement précaire que leur utilisation se fait toujours quasi impunément.