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© AFP/Joel Saget
L'Américain Lance Armstrong
lors d'une étape du Tour 2004.
L'Agence antidopage américaine (Usada) a annulé vendredi l'ensemble des résultats de Lance Armstrong depuis 1998, y compris ses sept victoires dans le TOUR DE FRANCE, et l'a radié à vie du cyclisme professionnel pour infractions aux règles antidopage.
"L'Usada a annoncé aujourd'hui (vendredi) que Lance Armstrong avait choisi de ne pas poursuivre la procédure d'arbitrage indépendante. Par conséquent il a été déclaré inélégible à vie et tous ses résultats en compétition ont été invalidés du 1er août 1998 à la date présente", précise l'Usada dans un communiqué, où elle dit avoir "plus d'une douzaine" de témoignages et des "données scientifiques" pour étayer ses accusations.
L'agence confirme ainsi l'annonce faite jeudi soir par son directeur général, Travis Tygart, peu après que l'ancien roi du peloton, âgé de 40 ans, eut renoncé à contester la procédure disciplinaire de l'Usada, après avoir passé deux mois, en vain, à tenter de la bloquer devant la justice fédérale américaine.
La balle est toutefois désormais dans le camp de l'Union cycliste internationale (UCI), à qui revient théoriquement la décision de priver Armstrong de son palmarès.
"L'UCI a pris note de la décision de Lance Armstrong de ne pas recourir à un arbitrage dans la procédure que l'Usada a lancée contre lui", a déclaré la Fédération internationale qui attend désormais la décision motivée de l'Usada, conformément aux dispositions prévues par le Code mondial antidopage.
L'affaire pourrait donc traîner un peu en longueur, d'autant que la durée de la suspension risque aussi de poser problème, puisque le Code mondial antidopage prévoit qu'un athlète peut être suspendu à vie de toute compétition sportive seulement en cas de récidive.
Or Lance Armstrong , qui rappelle à l'envi qu'il n'a jamais été contrôlé positif malgré les centaines de tests qu'il a subis dans sa vie, n'a pas été condamné pour la moindre infraction antidopage à ce jour.
© AFP/Javier Soriano
Montage de photos de Lance Armstrong
à l'issue de ses sept succès dans le TOUR DE FRANCE.
Pour justifier la dureté de cette sanction, l'Usada évoque des "circonstances aggravantes" au regard du Code mondial antidopage, comme la multiplication des violations des règles antidopage, la participation à un schéma sophistiqué de dopage, ou encore le trafic et l'administration de substance ou méthodes interdites.
La liste des infractions de Lance Armstrong comporte cinq points, à commencer par "l'usage et/ou la tentative d'usage de substances prohibées et/ou de méthodes comprenant l'EPO, les transfusions sanguines, la testostérone, les corticostéroïdes et les agents masquants".
Alors que Armstrong justifiait jeudi l'abandon de son bras-de-fer par le fait que "depuis le début, cette enquête n'a pas eu pour but d'établir la vérité ou de nettoyer le cyclisme, mais de me punir à tout prix", l'Usada rétorque en abattant ses cartes.
Elle dit disposer d'éléments de "plus d'une douzaine de témoins", essentiellement d'anciens équipiers, attestant que Armstrong avait eu recours au dopage "à l'EPO, aux transfusions sanguines, à la testostérone, et à la cortisone d'une période allant d'avant 1998 jusqu'à 2005, et qu'il avait auparavant utilisé de l'EPO, de la testostérone et de l'hormone de croissance en 1996".
L'USADA s'appuie également sur les échantillons sanguins de l'Américain collectés en 2009 et 2010, l'année de son bref retour après quatre ans de retraite, "parfaitement compatibles avec des manipulations sanguines incluant l'usage d'EPO et/ou de transfusions sanguines".
Le patron de l'Agence mondiale antidopage (AMA), John Fahey, a estimé que la décision du coureur ressemblait fort à un aveu de culpabilité.
"Il ne peut y avoir d'autre interprétation", a-t-il dit à la radio australienne ABC.
L'annonce de l'Usada a secoué le monde du cyclisme, à l'image déjà ternie par d'autres scandales de dopage.
Son ancien directeur sportif Johann Bruyneel et la légende Eddy Merckx ont volé au secours d'Armstrong, le second soulignant que "tous les contrôles qu'il a passés, plus de 500 depuis l'an 2000, se sont révélés négatifs".
Son équipementier Nike a également assuré qu'il allait "continuer de soutenir" le champion cycliste déchu et sa fondation contre le cancer, maladie qu'il a vaincue en 1997.
"S'il a triché, c'est tout à fait normal qu'il soit sanctionné", a estimé au contraire Bernard Thévenet, vainqueur du Tour en 1975 et 1977.
L'Américain, champion du monde en 1993 avant son cancer, a remporté sept Tours de France consécutifs de 1999 à 2005, un record, après sa maladie.
A l'époque moderne, deux coureurs ont gagné le Tour sur tapis vert à la suite d'un contrôle antidopage positif du vainqueur, l'Espagnol Oscar Pereiro en 2006 après la disqualification de l'Américain Floyd Landis et le Luxembourgeois Andy Schleck en 2010 après celle de l'Espagnol Alberto Contador .
Mais dans le cas d'Armstrong, chambouler le palmarès du Tour s'apparente à un casse-tête. A titre d'exemple, son dauphin a été à trois reprises (2000, 2001, 2003) l'Allemand Jan Ullrich , lui aussi sanctionné pour dopage dans le cadre de l'affaire Puerto et privé récemment de sa 3e place du Tour 2005.
"Aujourd'hui, je tourne la page", déclare pour sa part Armstrong, qui veut désormais se consacrer à sa fondation Livestrong contre le cancer.