Happy Birthday : |
© AFP/Saul Loeb
Une personne regarde sur son ordinateur l'interview du cycliste Lance Armstrong
par Oprah Winfrey, le 17 janvier 2013 à Washington
Lance Armstrong a fait voler en éclats son histoire "mythique et parfaite" en avouant pour la première fois s'être dopé durant sa carrière -en particulier pendant ses sept Tours de France victorieux- et avoir tissé pendant plus de dix ans un "gros mensonge ".
L'Américain, qui est passé aux aveux face à l'animatrice Oprah Winfrey jeudi dans une émission de télévision dépourvue d'émotion, a reconnu sans détour son passé mais n'est surtout pas entré dans les détails et a paru complètement maîtriser son discours, replaçant ses actes dans "la culture" de l'époque.
Dans sa première interview depuis qu'il a été déchu en octobre de ses titres et radié à vie, il a évacué une décennie de farouches dénégations en avouant par quelques +oui+ tranchants qu'il n'avait pas roulé proprement.
"Je vois cette situation comme un gros mensonge que j'ai répété de nombreuses fois, a-t-il dit, le visage grave. J'ai pris ces décisions, ce sont mes erreurs. Je suis là pour dire que je suis désolé. Tout est de ma faute."
"Je vais passer le reste de ma vie à tenter de regagner la confiance des gens", a expliqué le Texan de 41 ans, qui a jugé impossible de gagner sept fois le TOUR DE FRANCE d'affilée, comme il l'a fait de 1999 à 2005, sans se doper.
Cà "faisait partie du boulot"
© AFP/Joel Saget
Lance Armstrong
et le président de l'UCI Hein Verbruggen sur le podium de la 16e étape du 89e TOUR DE FRANCE, le 24 juillet 2002 à La Plagne
Armstrong a assuré que se doper "faisait partie du boulot" mais qu'il n'avait jamais forcé ses équipiers à le faire, même s'il a reconnu avoir intimidé ceux qui ne croyaient pas à l'histoire "mythique, parfaite", dans laquelle "il s'est perdu", de survivant du cancer capable d'écraser la plus grande course du monde à la seule force de ses mollets de sa volonté.
Cintré dans une chemise bleu et un blazer foncé, il a aussi assuré qu'il n'avait eu pas l'impression de tricher. "Cela fait peur", a-t-il dit à propos de son attitude durant son règne sans partage sur le peloton.
"Mon cocktail c'était l'EPO, les transfusions (sanguines) et la testostérone", ajoutant aussi la cortisone et les hormones de croissances à cette liste, comme l'avait souligné l'Agence américaine antidopage (Usada) dans le rapport accablant qui a précipité sa chute.
Il a toutefois nié s'être dopé lors des Tours de France 2009 et 2010, lorsqu'il avait repris la compétition après une première retraite, comme l' Usada l'affirme. Il a daté son dopage du milieu des années 90 à 2005.
"Si je n'avais pas repris la compétition (en 2009), nous ne serions pas assis là", a-t-il expliqué avec un soupçon de regret, estimant que les confessions livrées par son ancien coéquipier Floyd Landis en 2010 avaient été le moment clé dans l'enchaînement qui a provoqué sa chute.
© AFP/Rogerio Barbosa
Lance Armstrong
le 29 août 2013 lors d'un congrès sur le cancer à Montréal.
L'Américain a qualifié son dispositif de "professionnel et intelligent" mais n'en a pas expliqué le fonctionnement, laissant en suspens de nombreuses questions soulevées par l'Usada notamment sur les complicités dont il a pu bénéficier pour échapper aux contrôles aussi longtemps.
"Je ne veux accuser personne"
"Je ne veux accuser personne, ce sont mes erreurs", a-t-il dit, ajoutant même que le préparateur italien Michele Ferrari était "un homme bon".
Pour le président de l'Usada, Travis Tygart, Armstrong a fait "un petit pas dans la bonne direction" en admettant que "sa carrière était bâtie sur un puissant mélange de dopage et de tromperie" mais Tygart veut maintenant l'entendre sous serment décrire l'ampleur complète de ses activités illicites.
En collaborant avec les autorités antidopage, Armstrong pourrait obtenir une réduction de sa suspension à vie.
Si une "commission vérité et réconciliation" voit le jour pour mettre fin à l'omerta sur le dopage dans le peloton, comme le souhaite l'Usada mais pas la Fédération internationale (UCI), il "sera le premier sur le pas de la porte".
L'ancien leader de l'US Postal, qui a plusieurs fois répété qu'il n'était "pas un fan de l'UCI", a reconnu avoir fait une donation à l'instance mondiale du cyclisme parce que celle-ci "lui avait demandé", mais pas en échange du camouflage d'un contrôle positif (au Tour de Suisse 2001).
Pour le président de l'UCI, Pat McQuaid, ces aveux sont "un pas important en avant sur la longue route pour réparer les dommages qu'il a causés au cyclisme". " Lance Armstrong a confirmé qu'il n'y avait pas de collusion ou de complot entre l'UCI et Lance Armstrong . Il n'y avait pas de contrôles positifs qui ont été camouflés et il a confirmé que les dons faits à l'UCI étaient destinés à soutenir la lutte antidopage", a souligné également le président de la Fédération.
Risques de poursuite
Le face à face entre Armstrong et Winfrey fera l'objet d'un deuxième partie vendredi aux Etats-Unis (21h00 heure de l'Est)
Livestrong, la fondation de lutte contre le cancer qu'il avait fondée en 1997 après avoir vaincu la maladie mais avec laquelle il a coupé les ponts, s'est dite "déçue" d'entendre que son héros a "trompé les gens".
Ces aveux exposent Armstrong, qui a été prié jeudi par le Comité international olympique (CIO) de rendre sa médaille de bronze du contre-la-montre des jeux Olympiques de Sydney (2000), à des risques de poursuites par le gouvernement américain.
Le Texan, qui doit rembourser les primes de course touchées pendant son règne, est déjà menacé par deux procès au civil (par l'hebdomadaire britannique Sunday Times et l'assureur américain SCA Promotions) pour des sommes qui au total dépasseraient 10 millions de dollars et il pourrait maintenant être assailli par d'anciens parraineurs ou partenaires estimant avoir été dupés.