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© AFP/Paolo Cocco
L'Américain Lance Armstrong
le 21 juillet 2003 à l'arrivée de la 15étape du TOUR DE FRANCE à Luz-Ardiden
Le gouvernement américain a la possibilité d'engager des poursuites au civil comme au pénal à l'encontre de Lance Armstrong , maintenant que le vainqueur déchu du TOUR DE FRANCE a admis s'être dopé, ont indiqué à l'AFP des experts et sources proches du dossier.
"Etant donné qu'Armstrong a fourni la feuille de route, qu'il a maintenant dit avoir utilisé des produits dopants, le gouvernement a la possibilité de rouvrir une enquête" pour fraude, refermée l'an dernier sans explication, a déclaré Brian Socolow, avocat du sport. "Maintenant qu'il a admis qu'il s'était dopé, la fraude sera beaucoup plus facile à prouver".
Peter Keane, professeur de droit à la Golden Gate University, croit que le champion déchu risque gros. "Je parle d'argent, de beaucoup d'argent, mais aussi de liberté", dit-il à l'AFP.
Après la confession de l'ancien coureur cycliste face à la vedette de télévision américaine Oprah Winfrey --interview enregistrée lundi mais qui sera diffusée jeudi--, confirmée par une source proche du dossier, le gouvernement devra se décider "rapidement".
Sur le plan pénal, "c'est un dossier suffisamment important" pour que le gouvernement envisage de poursuivre Armstrong pour fraude, après les millions de fonds publics dépensés en sponsors, et pour parjure, après ses dénégations faites sous serment, estime M. Socolow de la firme new-yorkaise Loeb.
Sur le plan civil, le ministère de la Justice a jusqu'à jeudi pour se joindre à une plainte, déposée en 2010 par l'ancien co-équipier d'Armstrong, Floyd Landis , pour récupérer l'argent public versé à l'équipe du coureur, a indiqué une source proche du dossier.
Selon un document judiciaire relatif à cette plainte, dont l'AFP a obtenu copie, le recours civil de Floyd Landis s'appuie sur la Loi sur les fausses déclarations, qui autorise un particulier à poursuivre une personne ou une entreprise pour avoir trompé le gouvernement fédéral.
Le texte permet à celui qui dénonce de toucher entre 15 et 30% de la somme récupérée par le gouvernement.
Le gouvernement aurait versé plus de 30 millions de dollars en sponsors à l'équipe US Postal Service d'Armstrong, selon le Wall Street Journal. Selon les experts, le gouvernement peut prétendre récupérer trois fois cette somme.
Le ministère de la Justice a refusé de commenter ses possibilités de poursuites au civil comme au pénal. Mais de source proche du dossier, on estime "qu'il n'y a aucun risque de poursuites pénales". A moins que Lance Armstrong admette qu'il a fait plus que se doper et qu'il a aussi redistribué les produits dopants, selon les analystes.
© AFP/Franck Fife
L'Américain Lance Armstrong
le 3 juillet 2003 avec le docteur du TOUR DE FRANCE Gérard Porte au Parc des expositions de Paris
"Je ne pense pas que le gouvernement ou qu'une majorité d'Américains aura le courage d'aller au pénal", compte tenu de la popularité de Lance Armstrong , note Jordan Kobritz, directeur du département sports à SUNY Cortland. "Il est toujours le plus grand patriote de l'histoire américaine et un modèle avec ce qu'il a fait pour la recherche contre le cancer".
En outre, par le passé, "le gouvernement n'a pas eu beaucoup de succès dans ses dossiers de parjure contre des sportifs s'agissant de l'usage de produits dopants", ajoute M. Socolow. Il a "dépensé des millions de dollars" à poursuivre deux anciennes vedettes du base-ball, Roger Clemens et Barry Bonds, "pour de piètres résultats".
Un délai de prescription interdit des poursuites pour parjure, cinq ans après les déclarations faites sous serment. Or, les rapports divergent sur la date des nombreux témoignages d'Armstrong, dont les premiers remontent à 2005.
Mais "il est toujours possible que le gouvernement enquête pour obstruction à la justice, s'il a trompé le grand jury fédéral", ajoute Michael McCann, futur directeur de l'institut du sport à l'université du New Hampshire.
Pour tous les experts interrogés, il est "plus que probable" que Lance Armstrong ait conclu un accord à l'amiable avec le gouvernement, avant de passer aux aveux. "Je suis sûr que ses avocats avaient examiné l'impact potentiel que sa confession aurait sur le plan judiciaire", souligne M. Kobritz.
Armstrong "rendra, soit volontairement, soit contraint et forcé par la loi, les millions de dollars financés en sponsors", prédit M. Socolow. Car Amstrong pourrait "préférer payer plutôt que d'être impliqué dans un procès, au civil et pénal, avec le gouvernement américain".