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© AFP/Dani Pozo
Le docteur Eufemiano Fuentes arrive au Palais de justice de Madrid, le 28 janvier 2013
La justice rend son verdict mardi à Madrid dans le procès de l'affaire Puerto, qui a mis à nu le système de dopage du docteur Eufemiano Fuentes mais n'a guère apporté de révélations sur l'identité des clients du sulfureux médecin espagnol.
Le docteur Fuentes, cerveau du réseau de dopage démantelé en 2006 par la Garde civile, et les quatre autres accusés - sa soeur Yolanda, également médecin, les anciens directeurs sportifs d'équipes cyclistes Manolo Saiz et Vicente Belda et le préparateur physique Ignacio Labarta - risquent jusqu'à deux ans de prison s'ils sont reconnus coupables de "délit contre la santé publique". C'est la peine requise contre eux par le Parquet, à l'exception de Belda.
Mais en cas d'acquittement, le "plus grand procès contre un réseau de dopage non seulement en Espagne, mais dans le monde" - comme l'a qualifié l'avocat de l'Union cycliste internationale (UCI) dans sa plaidoirie au terme de huit semaines d'audience- aura accouché d'une souris.
Le procès avait pourtant commencé par une bombe médiatique: "Je travaillais à l'époque avec des sportifs à titre individuel, de tous types, ce pouvait être des athlètes, des boxeurs, tel ou tel footballeur", avait lâché Fuentes dès le deuxième jour du procès, fin janvier.
Mais la juge Julia Patricia Santamaria a refusé de lui demander les noms de ses clients. Le médecin, qui se disait prêt à les donner, n'est donc jamais allé plus loin.
Le sang est-il un médicament?
La magistrate n'a pas jugé ces informations pertinentes pour le procès, car elle se focalisait sur le délit contre la santé publique et non sur l'aide au dopage, chef d'accusation inexistant en Espagne au moment des faits.
Peu de nouveaux noms de possibles clients sportifs du médecin sont donc venus s'ajouter à ceux déjà connus. L'implication du cycliste colombien Santiago Botero a certes été confirmée par le biais des écoutes téléphoniques. Et le quotidien "El Pais" a publié des programmes de dopage saisis chez Fuentes en 2006 et faisant peser de forts soupçons sur l'ex-sprinteur italien Mario Cipollini et l'athlète espagnole Marta Dominguez.
© AFP/Lluis Gene
Le coureur américain Tyler Hamilton
lors de la 8e étape du Tour d'Espagne, le 11 septembre 2004 à Valence
Quant aux suspicions planant sur la Real Sociedad, l'équipe de football possible cliente de Fuentes entre 2001 et 2007, elles sont arrivées en dehors du cadre même du procès, sur la foi du témoignage d'un ancien président du club basque.
En revanche, le procès aura bien décortiqué le réseau de dopage organisé par le médecin, avec la constitution d'une banque de sang de quelque 200 poches, mais aussi la fourniture de médicaments de tous types.
Les témoignages de deux de ses anciens clients, les ex-cyclistes Jörg Jaksche et Jesus Manzano, qui ont dit craindre pour leur santé après les autotransfusions pratiquées par Fuentes, ont de quoi inquiéter le médecin canarien.
L'exemple du cycliste américain Tyler Hamilton , également client de Fuentes et chez qui on avait retrouvé un sang étranger en 2004, est édifiant lui aussi.
Reste à savoir si la magistrate jugera ou non que le sang peut être considéré comme un médicament. Selon son interprétation, Fuentes pourra être condamné pour "trafic de médicaments détériorés ou périmés" ou acquitté.
La juge doit également donner son feu vert ou non à l'accès aux poches de sang, demandé par l'Agence mondiale antidopage et d'autres parties civiles, afin notamment de découvrir l'identité d'autres clients du médecin. Quelque 99 poches de plasma et 112 poches de sang dorment en effet depuis sept ans au laboratoire antidopage de Barcelone.