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Le Français Arnaud Démare a vécu "un jour de grâce", samedi, pour gagner Milan-Sanremo après avoir failli abdiquer en raison d'une chute.
Q: Racontez-nous ce qui s'est passé...
R: "Au début j'ai baissé les bras. Quand on chute si près de la Cipressa, on se dit que c'est fini. La course est très difficile, alors si on rajoute des ennuis... Mais la voiture du directeur sportif m'a doublé et m'a dit que le groupe de (Michael) Matthews était derrière, que je ne devais pas me décourager. William Bonnet était là, on a fait une grosse montée de la Cipressa, j'avais de très bonnes jambes. Matthieu Ladagnous a fait un énorme travail puis Kévin Reza et Ignatas Konovalovas m'ont replacé au pied du Poggio. Je pensais avoir gaspillé de l'énergie avec tous ces problèmes mais il y a des jours où tout sourit, c'était un jour de grâce."
Q: Comment avez-vous conduit votre sprint ?
R: "Tout le monde était usé. J'ai lancé le sprint de loin comme j'aime. A un moment, j'étais un peu perdu. J'avais perdu le fil de la course, je me demandais s'il y avait encore du monde devant. C'est extraordinaire d'entrer dans l'histoire comme ça. Remporter Milan-Sanremo, c'est énorme. Je pensais qu'il me faudrait plus d'expérience pour gagner. J'ai fait le choix de courir des WorldTour très jeune pour faire mes gammes et je suis passé par des moments difficiles. L'an dernier, je me suis pris de grosses gifles. J'ai énormément travaillé sans avoir forcément les résultats attendus. En 2016 tout me sourit enfin. Le travail paye."
Q: A quoi avez-vous pensé pendant votre course-poursuite ?
R: "Dans ces moments-là on se dit qu'on n'a plus rien à perdre. Le but est de rentrer. Finalement je suis arrivé au pied du Poggio en me disant +c'est déjà bien d'être rentré+ puis +c'est bien de pouvoir jouer la gagne+. Après, c'est l'adrénaline qui entre en jeu. On se dit que si on peut boucher 30 secondes c'est qu'on a de bonnes jambes."
Q: Pensez-vous que la chute de Fernando Gaviria a pesé sur le sprint ?
R: "Ca fait partie malheureusement du cyclisme. Les organismes sont fatigués, une erreur, une inattention, ça fait partie du sprint."
Q: Avez-vous craint d'être trop 'court' après votre abandon dans Paris-Nice ?
R: "Je me suis posé des questions. Cela a été un contre-la-montre pour récupérer, entre repos et travail. Mercredi, j'ai fait 205 kilomètres de vélo avec plus de 100 kilomètres derrière le scooter de mon père. On pense alors aux classiques qui font plus de six heures, on se dit que ces efforts, ces finitions, feront peut-être la différence."
Q: Vous êtes-vous rendu compte de l'incident mécanique survenu à Nacer Bouhanni ?
R: "C'était un mano a mano. Mais je me focalisais surtout sur Jürgen Roelandts qui était devant. Je ne sais pas si j'étais en train de le passer, ce n'est pas ma préoccupation. C'est un très bon coureur et je pense qu'on restera adversaire pendant très longtemps. On est sur les mêmes courses. Mais je ne me préoccupe pas de ce qu'il fait. Aujourd'hui, c'était Roelandts qu'il fallait aller chercher."
Q: Est-ce un tournant dans votre carrière ?
R: "Je pense avoir passé un premier cap en étant champion du monde espoirs, un cap psychologique en tout cas. Gagner Milan-Sanremo va m'ouvrir plein de portes, ça change aussi pour l'équipe qui est en train de beaucoup progresser. On va être encore plus fort dans la tête."
Recueillis en conférence de presse.