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© AFP/Pascal Guyot
Le cycliste allemand Jan Ullrich
lors du 70e Tour de Suisse, le 17 juin 2006
Après des années de dénégations, Jan Ullrich , seul vainqueur allemand du TOUR DE FRANCE, a reconnu pour la première fois avoir eu recours au dopage avec l'aide du médecin espagnol Eufemiano Fuentes, au centre d'un vaste réseau de dopage, dans une interview à Focus à paraître lundi.
"Oui, j'ai eu recours aux traitements de Fuentes", a déclaré le retraité de 39 ans à l'hebdomadaire, assurant toutefois n'avoir eu recours à aucun autre produit dopant que son propre sang.
Ces aveux interviennent cinq mois après ceux de Lance Armstrong qui avait reconnu mi-janvier s'être dopé durant sa carrière après avoir été radié à vie et déchu de ses sept victoires au TOUR DE FRANCE (1999-2005).
Vainqueur du Tour en 1997, Ullrich, lui-même convaincu de dopage par le Tribunal arbitral du sport (TAS) en février dernier et dont les résultats depuis 2005 avaient été annulés, explique avoir voulu se mettre au même niveau que les autres puisque "presque tout le monde prenait à l'époque des substances dopantes".
"Je n'ai rien pris que les autres n'ont pas pris aussi. Selon moi, il y a escroquerie à partir du moment où je me procure un avantage. Il ne s'agissait pas de cela. Je voulais favoriser l'égalité des chances", affirme-t-il.
"Pas pire qu'Armstrong"
A propos de son recours au dopage, Ullrich estime avoir été son propre ennemi: "C'est envers moi-même que j'ai causé le plus de dommages, en ce qui concerne mon image auprès du public et les possibles conséquences pour ma santé."
Selon Focus, l'Allemand souhaite dorénavant "aller de l'avant et ne plus jamais revenir en arrière".
"Je ne suis pas mieux qu'Armstrong mais je ne suis pas pire. Nous sommes tous coupables", ajoute-t-il, considérant que "les grands héros d'hier sont aujourd'hui des hommes qui portent des fractures qu'ils doivent assumer".
Le cycliste américain, grand rival d'Ullrich au début des années 2000, n'a pas tardé à réagir en postant un tweet ironique: " Jan Ullrich ? Chaleureux. Exceptionnel athlète. Grand compétiteur. J'ai adoré flirter avec la ligne avec toi mon ami."
Ullrich, qui avait fini trois fois deuxième du TOUR DE FRANCE derrière Armstrong (2000, 2001, 2003), avait déclaré le 12 juin qu'il était persuadé que l'Américain "ne s'en sortirait pas car il s'était fait trop d'ennemis", ajoutant qu'"il voulait toujours être le patron et se comportait sans pitié avec avec ses subordonnés."
Ces aveux tardifs ont été accueillis avec sévérité en Allemagne. "C'est trop tard. Il aurait pu aider le cyclisme s'il s'était exprimé plus tôt", a déclaré le président de la Fédération nationale Rudolf Scharping.
"C'est trop peu et trop tard", a réagi Thomas Bach, le président du Comité olympique allemand et candidat à la présidence du CIO. "Pour une confession vraiment crédible, Jan Ullrich aurait dû s'exprimer quelques années plus tôt. Il a manqué cette opportunité et il joue encore avec la rhétorique. Cela n'aide ni lui ni le cyclisme."
"Record d'Europe du mensonge"
"C'est un nouveau record d'Europe du mensonge. Il avait en 2006 ou 2007 écrit dans quatre langues qu'il ne connaissait pas M. Fuentes", a ironisé Werner Franke, expert allemand du dopage.
L'Agence antidopage allemande (Nada) a exprimé le souhait d'entrer en contact avec Ullrich. "Il est important que, au-delà de l'interview, il réponde à nos questions pour partager ses connaissances. Une confession complète pourrait apporter de nouvelles informations pouvant être ensuite intégrées dans le travail de la Nada", a écrit l'agence dans son communiqué.
© AFP/Patrick Kovarik
Jan Ullrich
, vainqueur du TOUR DE FRANCE 1997, avec Richard Virenque
(à gauche) et Erik Zabel, le 27 juillet 1997 à Paris
Retraité depuis 2007, Ullrich avait résisté jusque-là à une forte pression dans une Allemagne qui avait pris ses distances avec le cyclisme et le TOUR DE FRANCE, notamment après le grand déballage en 2007 sur les pratiques de la formation Telekom des années 1990, dont il était le leader.
L'Allemand avait nié en bloc tout recours au dopage lorsque d'anciens coéquipiers, dont Erik Zabel et Bjarne Riis (vainqueur du Tour 1996), reconnaissaient le recours aux produits dopants.
Fin 2008, Ullrich avait nié sous serment devant la Cour d'appel de Düsseldorf, avoir eu recours au dopage, mais seulement dans la période sur laquelle on l'interrogeait (premier trimestre 2003), dans le cadre d'un litige l'opposant à un ex-employeur qui refusait de lui payer des arriérés de salaire en raison de son contrôle positif.