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MTN-Qhubeka, première équipe africaine de l'histoire à participer au TOUR DE FRANCE en juillet 2015, se présentera au départ avec des ambitions modestes, mais avec la conviction d'être l'avant-garde d'un cyclisme africain bientôt prêt à conquérir le monde.
Pour l'heure, le manager de l'équipe, Douglas Ryder, entend raison garder: "Notre principal objectif sera les victoires d'étapes, et essayer de porter un maillot distinctif. Nous avons de très bons coureurs capables de gagner des étapes, de porter le maillot vert, comme Boasson Hagen, ou le maillot blanc de meilleur jeune, comme Kudus ou Meintjes."
Pour la première partie du Tour, plus favorable aux routiers-sprinteurs, Ryder fera confiance à ses Européens, autour d' Edvald Boasson Hagen , la star du groupe. Aux Africains de briller ensuite en montagne. "Nos coureurs africains sont d'excellents grimpeurs, très légers, très forts, c'est pour eux que l'équipe travaillera dans la seconde partie du Tour", plus montagneuse, explique le manager.
Ryder dispose de deux grands espoirs du cyclisme continental avec l'Erythréen Merhawi Kudus, 21 ans, 5e de la Route du Sud en 2014, et Louis Meintjes, champion d'Afrique du Sud en titre, à 23 ans. "Nous espérons avoir un coureur capable de viser le podium d'ici deux à trois ans", précise-t-il, sans toutefois risquer un nom.
-'Sport national' en Erythrée-
MTN-Qhubeka, la plus en vue des équipes africaines, commence en effet à cueillir les fruits de plusieurs années d'investissement sur le continent, sous l'égide d'un programme de l'UCI lancé au milieu des années 2000.
"Regardez l'athlétisme, au Kenya, en Ethiopie, les capacités et le potentiel de l'Afrique sont incroyables!", s'enthousiasme Jean-Pierre van Zyl, conseiller Afrique de l'UCI, et entraîneur de l'équipe des moins de 23 ans de MTN. "Ce qui se passe en athlétisme va arriver en cyclisme. Je ne le crois pas, je le sais. Mais le cyclisme n'est pas aussi simple, c'est beaucoup plus technique, tactique, il y a beaucoup de choses à apprendre. Il faut du temps." Lui donne cinq ans aux coureurs africains pour monter sur le podium du Tour.
"Nous avons commencé il y a 6-7 ans à intégrer des coureurs africains dans l'équipe, et ils ont fait des progrès énormes ces cinq dernières années", estime pour sa part Douglas Ryder, pointant notamment ses surdoués érythréens: "Nos trois Erythréens ont un talent incroyable. Ils viennent d'un pays où le cyclisme est le sport national (...) et je crois qu'ils peuvent jouer un grand rôle sur le Tour 2015."
-'L'expérience ne s'achète pas'-
Sagement, MTN a pourtant a fait le choix du partage d'expérience pour progresser plus vite: "Nous n'aurons jamais une équipe 100% africaine", assure le directeur sportif, car l'équipe a besoin d'Européens pour enseigner aux Africains comment vivre en Europe, et comment se comporter en course... "Regardez Boasson Hagen, il a été deux fois dans des équipes qui ont gagné le Tour. Cette expérience-là, ça ne s'achète pas, vous ne pouvez l'acquérir qu'auprès de garçons comme lui."
Le Tour a-t-il alors fait le bon choix en invitant une équipe sud-africaine très jeune, et dont les coureurs les plus expérimentés sont tous européens?
Jean-Pierre van Zyl admet que l'aspect symbolique a pu jouer un rôle dans la décision des organisateurs. "Bien sûr, c'est du marketing, dit-il. Mais je pense que nos coureurs seront compétitifs sur le Tour. Ils ont prouvé sur la Vuelta qu'ils étaient au niveau."
Et Douglas Ryder, persuadé d'avoir entre les mains des graines de champions, imagine déjà un avenir radieux: "Pourquoi ne pourrions nous pas transformer le cyclisme? C'est un sport européen depuis 100 ans, mais pourquoi ne pourrions-nous pas permettre à des Africains de percer et de bouleverser le cyclisme mondial?"