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© AFP/Stéphanie Aglietti
Des spectateurs le 22 novembre 2013 à Nyamagabe lors de la 5e édition du Tour du Rwanda
"Je viens voir le passage des cyclistes chaque année", explique tout sourire Eugène Nyuruhurwe, sur le bord de la route à Nyamagabe dans le sud du pays, à l?arrivée de la 5e étape du Tour du Rwanda, où le cyclisme suscite l'engouement.
"Je connais certains coureurs de l?équipe nationale, je suis les courses cyclistes africaines à la télévision et même le TOUR DE FRANCE. Je suis fier que le Rwanda organise une course internationale. Le vélo est très populaire ici", poursuit ce passionné de 45 ans, infirmier à l?hôpital de Butare à 26 km de là.
"Tout le monde aime le vélo", renchérit Idelphonse Munyaneza, 27 ans, en montrant une bicyclette noire au porte-bagage cabossé: "Au Rwanda beaucoup de gens se servent des vélos pour transporter des marchandises. Lorsque ça monte, on descend et on pousse, et lorsque c?est plat, on pédale".
Depuis le prologue, couru dimanche à Kigali, les Rwandais de chacune des cinq provinces du pays se sont massés sur le bord des routes au passage des 14 équipes participant à cette 5e édition du Tour du Rwanda.
Les organisateurs estiment que près de 2 millions des 11 millions de Rwandais auront eu d'ici la fin de l'épreuve dimanche l?occasion de voir passer les coureurs.
Un autre visage
"C?est le seul sport de haut niveau qui va vers le peuple, d?autant que les gens n?ont pas beaucoup de divertissements sur les collines en temps normal", explique Aimable Bayingana, président de la Fédération rwandaise de cyclisme.
La télévision et les radios nationales ont largement relayé l?événement et, pour la première fois cette année, une caravane publicitaire a précédé le passage des coureurs.
Pour M. Bayingana, ce Tour permet de montrer "un Rwanda paisible, avec des routes en bon état", un autre visage du pays, qui reste associé au terrible génocide de 1994, lors duquel 800.000 personnes ont péri en trois mois, en majorité tutsi.
© AFP/Stéphanie Aglietti
Le coureurs encouragés par les spectateurs lors du 5e Tour du Rwanda le 22 novembre 2013 à Huye
Cet événement est aussi "facteur d?unité" car il "rassemble les Rwandais autour de l?équipe nationale", poursuit-il. Près de 20 ans après le génocide qui l'avait laissé meurtri et exsangue, le pays s?est relevé économiquement et travaille toujours à sa réconciliation.
Outre le succès populaire, le Tour du Rwanda commence à se faire une place de choix parmi les compétitions du continent. Créé en 1989, l'épreuve est devenue en 2009 une étape de l'Africa Tour de l'Union cycliste internationale (UCI).
Un pays du vélo
"C?est la course africaine la plus difficile", explique Olivier Grandjean, coordinateur général du Tour en évoquant les 805 km - dont 12.000 mètres de dénivelé avec un point culminant à 2.400 mètres - parcourus en sept étapes par les coureurs, dans un décor où alternent champs de café, de thé ou forêts d?eucalyptus.
"Le Rwanda est devenu un pays du vélo", confirme Jonathan Boyer, premier américain à avoir couru le TOUR DE FRANCE, devenu entraîneur de la première équipe rwandaise, Rwanda Karisimbi. A son arrivée dans le pays, en 2006, la discipline était au plus bas, se rappelle-t-il: "Il n?y avait pas d?équipe nationale, le matériel (...) était en très mauvais état".
Des progrès auxquels a assisté le cycliste rwandais Abraham Ruhumuriza. A 35 ans, cet ancien vélo-taxi a commencé la compétition en 1999 sur des vélos à un seul pignon: "Avant, seuls les pays limitrophes, comme l?Ouganda, le Burundi ou la Tanzanie participaient au Tour du Rwanda, mais maintenant, il y a des équipes étrangères et qui viennent de partout en Afrique".
Le Tour attire les meilleures équipes du continent, d?Afrique du Sud, d'Algérie, d?Ethiopie ou d'Erythrée.
Reste la question: un coureur rwandais pourra-t-il un jour participer au TOUR DE FRANCE? "D?ici un ou deux ans", assure Jonathan Boyer, évoquant notamment Adrian Niyonshuti, "star" rwandaise qui court au sein de la prestigieuse équipe sud-africaine MTN-Qhubeka.