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Le parquet de Grenoble a requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de la légende du cyclisme féminin Jeannie Longo, pour des achats d'EPO, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Dans un réquisitoire daté du 2 février, le parquet requiert le renvoi en correctionnelle de M. Ciprelli, 61 ans, pour avoir "été intéressé à la fraude d'importation en contrebande de marchandises prohibées en l'espèce de produits dopants", a-t-il confirmé à l'AFP sans plus de commentaire.
Ce délit est passible de trois ans de prison, assorti d'une peine d'amende.
L'enquête, ouverte le 14 septembre 2011 sous l'autorité du parquet puis confiée à une juge d'instruction à partir de février 2012, a permis d'identifier huit commandes d'EPO, sous la forme de 63 boîtes ou flacons, entre octobre 2007 et juin 2011 pour un montant total de 9.363 dollars (8.455 euros).
Les commandes d'EPO effectuées depuis septembre 2008, qui ne sont pas prescrites par la loi, s'élèvent à 3.113,82 dollars (2.811,88 euros) pour 33 boites ou flacons.
Le parquet estime dans son réquisitoire que les éléments recueillis au cours de l'enquête "démontrent sans conteste que Patrice Ciprelli est bien l'auteur et le destinataire" de ces commandes, payées avec sa carte bancaire ou celle de sa femme et livrées chez sa mère ou chez un ami.
"L'ensemble de ces éléments nourrissent légitimement des suspicions de dopage à l'encontre des athlètes qu'entraînait Patrice Ciprelli au moment des faits et plus particulièrement de son épouse Jeannie Longo (57 ans, ndlr) dont les performances sportives exceptionnelles et la particulière longévité interrogent", souligne le parquet.
"Néanmoins, les investigations entreprises, et notamment l'analyse du dossier médical de Jeannie Longo n'ont pas permis d'apporter la preuve irréfutable de ce dopage", ajoute-t-il.
L'EPO est une hormone utilisée pour accroître le volume d'oxygène dans le sang par la stimulation de globules rouges, augmentant ainsi la performance en endurance des sportifs.
Durant l'enquête, M. Ciprelli a d'abord nié les faits puis a reconnu des achats d'EPO pour sa consommation personnelle durant sa garde à vue. Il a enfin évoqué "un montage grossier", un "complot" et le piratage de ses comptes informatiques.
"Des explications variables mais constamment dénuées de toute crédibilité", juge le parquet, qui note cependant qu'il "n'existe aucune trace de conversation téléphonique, ou aucun autre élément, permettant d'établir à quelle personne il entendait remettre ce produit".
M. Ciprelli entraîne sa femme depuis 1985. Il a également été l'entraîneur de la cycliste Edwige Pitel de 2006 à 2009.
Son avocat, Me Bruno Ravaz, s'est félicité qu'il ne "reste pratiquement rien" des chefs de mis en examen initialement retenus par le parquet. "Le parquet aurait dû aller jusqu'au bout de sa logique, il aurait dû requérir un non lieu depuis longtemps dans cette affaire", a ajouté l'avocat, parlant de "fiasco judiciaire".
Le parquet a abandonné deux des chefs de mis en examen de M. Ciprelli pour des motifs juridiques complexes.
"On ne sait pas ce qu'il y avait réellement dans ces pseudo-commandes (d'EPO, ndlr) car aucune marchandise n'a été saisie", a aussi avancé Me Ravaz. Concernant Jeannie Longo, "la suspicion était forte" mais "toute l'enquête a démontré qu'elle était parfaitement +clean+", a-t-il enfin souligné.
Me Paul Mauriac, avocat de la fédération française de cyclisme, partie civile dans ce dossier, n'a pas souhaité faire de commentaire.
La juge d'instruction doit désormais décider d'un éventuel renvoi de M. Ciprelli devant la tribunal correctionnel, une décision susceptible d'appel.