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© AFP/JEAN-PIERRE CLATOT
Jeannie Longo et son mari et ancien entraîneur Patrice Ciprelli, le 27 octobre 2011 aux Six jours cyclistes de Grenoble
Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de la légende française du cyclisme féminin Jeannie Longo, doit être jugé jeudi à Grenoble pour l'importation d'EPO, un produit dopant, cinq ans et demi après le début des investigations.
M. Ciprelli, 62 ans, s'est récemment séparé des deux avocats qui le conseillaient de longue date - il y a seulement 10 jours pour l'un d'eux - et a fait appel au ténor Éric Dupond-Moretti. Ce dernier, qui n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP, a déposé une demande de renvoi du procès. Elle sera examinée jeudi par le tribunal correctionnel.
"C'est très regrettable", souligne Me Jean-Yves Balestas, avocat de la Fédération française de cyclisme (FFC), partie civile à l'audience. "Car si M. Ciprelli est innocent comme il le crie, il est important qu'il soit jugé le plus vite possible."
L'affaire débute le 13 septembre 2011 lorsque le journal "L'Équipe" révèle des correspondances informatiques entre M. Ciprelli et un fournisseur chinois portant sur l'achat d'érythropoïétine (EPO). Cette hormone est utilisée pour accroître le volume d'oxygène dans le sang par la stimulation des globules rouges, augmentant l'endurance des sportifs.
Dès le lendemain, une enquête est ouverte sous l'autorité du parquet de Grenoble, suivie d'une information judiciaire à partir de février 2012. En mai 2016, deux juges ont décidé le renvoi en correctionnelle de Patrice Ciprelli pour "avoir été intéressé à la fraude d'importation en contrebande de marchandises prohibées, en l'espèce de produits dopants (EPO)".
Il est poursuivi pour la commande de 33 boîtes ou flacons pour un montant de 3.110 dollars (2.920 euros) entre le 14 septembre 2008 et le 14 septembre 2011, celles passées antérieurement étant prescrites.
- "Complot" -
L'enquête a démontré que l'entraîneur avait "pris de nombreuses précautions pour importer ces produits et dissimuler ces faits qu'il persiste aujourd'hui à nier, par des explications non crédibles et pour certaines totalement fantaisistes, malgré des éléments de preuve accablants", estiment les juges Michel Mollin et Nicolas Josué.
Ces commandes, passées sur le site internet "pharmacyescrow.com", étaient payées avec la carte bancaire de M. Ciprelli ou celle de sa femme et livrées chez sa mère ou chez un ami, auquel il avait dit que c'était du Viagra.
Après avoir contesté les faits, puis les avoir reconnus une fois, en présence de son avocat lors d'une garde à vue - expliquant alors avoir eu recours à l'EPO pour "accélérer sa guérison suite à différentes chutes de vélo" -, M. Ciprelli a ensuite systématiquement nié, parlant de "piratage informatique" et d'un "complot destiné à atteindre son épouse".
"Les suspicions de dopage des personnes qu'entraînait M. Ciprelli, au premier rang desquelles son épouse Jeannie Longo, n'ont pas été confirmées par l'enquête et l'expertise du dossier médical de cette dernière", soulignent les magistrats dans leur ordonnance de renvoi.
M. Ciprelli entraînait sa femme, aujourd'hui âgée de 58 ans, depuis 1985 et a également été l'entraîneur de sa rivale, la cycliste Edwige Pitel (49 ans), de 2006 à 2009.
Pour la FFC, "il n'y a ni acharnement, ni intérêt à une condamnation, mais à ce que l'affaire soit clarifiée. Y a-t-il culpabilité ou non?", a déclaré à l'AFP son deuxième conseil, Me Paul Mauriac."Et puis ce sera tout. Car la preuve n'est pas rapportée que cette EPO ait été destinée à quelqu'un d'autre que lui."
"Si la culpabilité est retenue et qu'il y a condamnation, cela pourrait être un moyen de sensibiliser, de faire de la pédagogie coercitive pour ceux qui se +contenteraient+ d'entreposer des produits pour un copain dans leur frigo", souligne Me Mauriac.