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Championnats du monde de cyclisme sur piste à Minsk, le 20 février 2013
Le cri d'alarme lancé par Florian Rousseau pour sauver l'école de la piste française résonne comme un avertissement pour les futurs bilans sportifs de la fédération française de cyclisme, comblée jusqu'à présent par ses sprinteurs. Explications:
DES LENDEMAINS INQUIETANTS. Après tant d'années de satisfactions, le bilan des JO de Londres s'est situé entre deux eaux: trois médailles d'argent, pour Grégory Baugé (vitesse individuelle), la vitesse par équipes (Baugé, Kévin Sireau et Michael d'Almeida) et Bryan Coquard (omnium). La suite est moins réjouissante malgré la réussite de François Pervis, titré mercredi soir sur le kilomètre aux Mondiaux de Minsk.
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Le cylcliste français François Pervis lors des Mondiaux à Minsk, le 20 février 2013
"Il n'y a pas de projet, je n'ai pas senti de volonté de construire un avenir pour le sprint", a accusé récemment Benoît Vêtu au site Allsports. Son départ pour la Russie prive le sprint français de l'un de ses trois entraîneurs. Ne restent plus que Florian Rousseau et Franck Durivaux à l'Insep, où la Fédération française envisage de regrouper ses talents en attendant le déménagement au futur centre national de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Plus policé mais aussi ferme, Rousseau dresse un constat aussi inquiétant. Il regrette le temps perdu depuis les JO de Londres: "Avec les moyens actuels, on aurait déjà pu faire des choix, sur l'organisation, les effectifs. Pour l'instant, c'est au ralenti. On peut même parler de surplace." Pour le triple champion olympique, "il faut des moyens mais surtout faire confiance aux techniciens, les consulter et construire sur un projet avec eux comme avec toutes les parties prenantes de la fédération".
LA COURSE A LA PUISSANCE. La razzia de la Grande-Bretagne, aux JO de Pékin puis aux JO de Londres (7 titres sur 10 décernés), se double d'un déploiement de forces qui sidère ses adversaires. A Minsk, pour des "Mondiaux" qui ont seulement valeur d'exercice pour les Britanniques, techniciens et spécialistes en tous genres sont présents en nombre, par opposition aux maigrelettes délégations des nations rivales.
Le constat, répétitif, est le même depuis Pékin. "Le retard est en train de se creuser", s'alarme Rousseau. "Les Anglais ont une vraie organisation, un vrai staff autour de l'entraîneur. Ils ont des ingénieurs qui bossent en permanence sur les projets", relève Vêtu.
© AFP/Franck Fife
Grégory Baugé (g) avec l'entraîneur Florian Rousseau
à l'Insep à Paris, en mai 2012
Par comparaison, les entraîneurs français doivent gérer au mieux et surtout tenir compte des pesanteurs dues au système d'organisation du sport en France. Immobilisme ? Le futur DTN ne sera nommé qu'après la réélection à la présidence de la fédération de David Lappartient, attendue pour samedi. Soit près d'un an de perdu dans une olympiade qui dure quatre ans.
DES EQUIPEMENTS ENFIN CONSTRUITS. Après une attente d'un demi-siècle, la construction d'un vélodrome en région parisienne a enfin pris corps. Début 2014, Saint-Quentin-en-Yvelines abritera un Centre national du cyclisme, un projet d'envergure qui est la grande oeuvre de David Lappartient.
Longtemps dépourvu d'équipements couverts, le cyclisme national se félicite aussi de l'existence d'une nouvelle piste à Roubaix et des projets en cours à Bourges et Lorient. Les équipements, si souvent réclamés, sont enfin là.
Mais la richesse d'une école est avant tout humaine. Pour l'heure, la France a l'aubaine de compter sur un champion de grande dimension, Grégory Baugé, décidé à repartir jusqu'aux JO de Rio en 2016, sur d'autres tout aussi ambitieux (Pervis, d'Almeida, Lafargue) et un entraîneur (Rousseau), convoité par l'étranger.
Sept mois après Londres, les clignotants sont passés toutefois à l'orange. A l'image de Kévin Sireau, un champion du monde en puissance en train de s'enliser.