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Hein Verbruggen, ancien président de l'Union cycliste internationale et membre du Comité international olympique, arrivant à l'aéroport de Pékin, le 20 février 2001
Le chapitre des années Hein Verbruggen s'est définitivement fermé après l'annonce, mercredi, du décès à l'âge de 75 ans de l'ancien président de l'Union cycliste internationale (UCI) à l'époque de la domination de Lance Armstrong .
Le Néerlandais, qui est mort "dans la nuit de mardi à mercredi" selon les précisions à l'AFP du porte-parole de la fédération des Pays-Bas (KNWU), fut l'un des dirigeants les plus influents du sport mondial au début des années 2000. Avec, pour point d'orgue, la présidence de la commission d'organisation des JO de Pékin 2008 pour le compte du Comité international olympique (CIO) dont il fut membre à partir de 1996.
Dans le cyclisme, Verbruggen reste l'homme-clé de la mondialisation. Son intelligence, qui suscitait à la fois le respect et la crainte, son humour et son goût pour les belles choses -francophone, il aimait assez la France pour s'installer dans le Lubéron-, cohabitaient avec un souci du pragmatisme qui pouvait confiner au cynisme.
- Un contexte empoisonné par le dopage -
Aux yeux de l'opiniâtre homme d'affaires, spécialiste de marketing à ses débuts, l'efficacité pouvait (presque) tout justifier. Elu dès 1979 au comité directeur de la Fédération internationale du cyclisme professionnel (FICP), il en était devenu ensuite président avant de réunir en 1991 les fédérations amateur et professionnelle au sein de l'UCI, jusque-là une coquille vide.
Sous sa présidence, le cyclisme entame alors une marche forcée vers l'internationalisation et une reconnaissance accrue dans le cercle olympique, dans l'orbite de Juan Antonio Samaranch.
Le Néerlandais a ses entrées partout, surtout dans les instances (Association des fédérations internationales ASOIF, ou Agence mondiale antidopage AMA). Mais sa puissance s'exerce dans un contexte lourd, empoisonné par les affaires de dopage qui se multiplient dans le cyclisme à partir du Tour 1998.
Verbruggen avait quitté la présidence effective de l'UCI quelques semaines après la septième victoire de Lance Armstrong dans le Tour (2005), bien avant que l'Américain soit convaincu de dopage et déchu de ses titres. Un symbole ? Les noms des deux hommes ont été ensuite associés, notamment par l'Usada, l'agence antidopage américaine, qui allait même en 2012, lors de la descente aux enfers du Texan, jusqu'à dénoncer une complicité passée.
- Séduisant et retors -
Une commission indépendante, qui a enquêté ensuite sur cette période sulfureuse, a disculpé le dirigeant de l'accusation d'avoir "couvert" le coureur. En revanche, son rapport a souligné la trop grande proximité des deux hommes.
Jean-Marie Leblanc, qui dirigeait le TOUR DE FRANCE à l'époque, y a vu "le manque d'une élémentaire prudence". Daniel Baal, l'ex-président de la fédération française qui s'opposa à Verbruggen à propos du dopage, a noté que le dirigeant et le coureur partageaient "une vision commune du cyclisme". Avec autant d'arrogance pour Armstrong que de finesse pour Verbruggen, tant le Néerlandais, issu d'un milieu modeste, était séduisant et retors.
En réalité, l'homme, de tendance permissive sur ce terrain, s'était attaché à préserver la vitrine d'un sport qui avait pourtant basculé dans le dopage sanguin durant les années 1990. Quitte à nier l'importance de l'EPO, quand le préparateur Michele Ferrari s'était exprimé librement en 1994, ou à minimiser le scandale Festina lors du Tour 1998.
Mais, un an plus tard, c'est le même dirigeant qui avait assumé l'exclusion de Marco Pantani au Giro. C'est lui aussi qui s'était risqué au printemps 2001 à valider le test français de détection de l'EPO, le poison des sports d'endurance. Avant même l'aval de l'AMA dirigée par Dick Pound, son éternel adversaire, et les autres fédérations sportives.
Travailleur et autoritaire au risque d'être qualifié d'autocrate, Verbruggen avait été à l'origine d'une structure (SportAccord) à destination des petits sports gravitant dans l'orbite olympique. Il avait aussi contribué au lancement des JO de la Jeunesse. Le Néerlandais, redoutable "moneymaker" selon l'expression anglaise, était loin de cantonner ses compétences au cyclisme.