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© AFP/KHALED DESOUKI
Des concurrents lors de la course des juniors, aux Mondiaux de cyclisme à Doha au Qatar
Incongrus ou seulement particuliers ? Les Mondiaux de cyclisme sur route de Doha, les premiers organisés au Moyen-Orient, suscitent la controverse avec deux griefs principaux: la chaleur et la quasi-absence de spectateurs.
Ces critiques ont été récurrentes tout au long de la semaine, avant l'épreuve-phare, la course en ligne messieurs, qui promet dimanche un spectacle grandiose... à la télévision: elle aura lieu sur l'île artificielle de The Pearl, entre marinas et immeubles de standing et sous un ciel toujours ensoleillé.
LA CHALEUR: DOSSIER BRÛLANT
"Faire une course ici en octobre n'est peut-être pas très sage", estime le champion olympique, le Belge Greg Van Avermaet . L'avis est souvent partagé dans le peloton même si "les conditions sont les mêmes pour tout le monde".
La température, qui dépasse allègrement les 30 degrés dans la capitale du Qatar, pose surtout le problème de l'acclimatation plus ou moins réussie selon les délégations et les coureurs. "Les facultés varient d'un individu à l'autre", rappelle le Dr Jacky Maillot, médecin de l'équipe de France.
Faire une course de vélo par plus de 35 degrés est-il dangereux ? L'Union cycliste internationale (UCI) a mis en place un protocole pour étudier les conditions (les coureurs ont notamment ingéré une gélule pour relever avec précision leur température corporelle).
L'UCI n'a pas fixé de seuil chiffré au-delà duquel seraient prises des dispositions particulières, la réduction de la distance notamment. Les spécialistes s'accordent généralement pour placer à 38 degrés de température extérieure la limite de la sécurité... bien que, par le passé, des étapes de grands tours aient eu lieu par des chaleurs supérieures.
Eddy Merckx , la légende du cyclisme à l'origine de la création du Tour du Qatar en 2002, a rappelé que la chaleur culminait aussi lors des JO d'Athènes, en août 2004. Ou encore aux Jeux européens en juin 2015 à Bakou. Sans que cela provoque autant de controverses que pour le richissime Qatar.
"J'ai dû disputer dans ma carrière une centaine de courses par une telle chaleur", coupe court le Belge Tom Boonen , l'un des favoris de la course arc-en-ciel. "On sait depuis longtemps que les Mondiaux auront lieu au Qatar. On savait donc qu'il ferait chaud. Si l'on organise une course en Sibérie, il fera froid".
Cette question a aussi été la source d'une longue polémique concernant le Mondial-2022 de football, dont l'attribution au Qatar est contestée. Après des mois de controverse, la Fifa, l'instance suprême du football, a finalement décidé que le Mondial-2022 aurait lieu en novembre-décembre et non en été comme à l'habitude, pour éviter de jouer sous des températures trop élevées.
PUBLIC, MONDIALISATION ET TELEVISION
Quelques drapeaux nationaux près de la ligne d'arrivée, quelques poignées de supporters étrangers qui ont fait le lointain déplacement à partir de l'Europe, coeur du cyclisme mondial, vers la péninsule arabique: à Doha, l'engouement est évidemment très réduit pour un sport qui est étranger aux traditions locales, à l'exception du Tour du Qatar qui réunit les pros en février.
Fidèle à son mot d'ordre de "mondialisation", l'UCI, qui a déclaré samedi par la voix de son président Brian Cookson avoir reçu 10 millions de francs suisses (9,2 M ?) pour ces Mondiaux, préfère insister sur la nouveauté radicale qu'ils représentent. Après les Amériques, du Sud (dès 1977) et du Nord (1986), l'Asie (1990), l'Océanie (2010), c'est au tour du Moyen-Orient d'accueillir la grande compétition annuelle.
"L'ambiance nous manque un peu. Ici, on n'a pas vu de supporters pendant les entraînements", convient Van Avermaet. Mais les concurrents de ces Mondiaux taillés pour la télévision ont avant tout une course à faire, un titre à décrocher.
"C'est moins sympa pour les coureurs d'évoluer sur un parcours où il y a peu de spectateurs. Mais, quand on est compétiteur, l'enjeu sportif prend le pas sur tout le reste", confirme l'ancien champion français Laurent Jalabert , désormais consultant à France Télévisions. "Pour les téléspectateurs, cela ne change rien ou pas grand-chose. Des Mondiaux, il y en a eu des très dures, des pluvieux, des caniculaires. Le plus important, c'est que les courses soient régulières".