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Le Britannique Bradley Wiggins s'attaque dimanche, sur la piste olympique de Londres, au record de l'heure UCI (52,937 km), l'un des sommets du cyclisme depuis que Henri Desgrange , futur créateur du TOUR DE FRANCE, a ouvert le palmarès à la fin du XIXe siècle.
Wiggins vise à boucler 221 tours de piste, soit 55,250 kilomètres, dans sa tentative programmée en fin d'après-midi (18h30 locale, 19h30 française), au vélodrome de Lee Valley assuré de faire salle comble. A l'ouverture de la location, les 6.000 places se sont arrachées en... sept minutes.
"C'est un record qui a une histoire incroyable", rappelle le vainqueur du TOUR DE FRANCE 2012. Ne serait-ce que par la cascade de tentatives victorieuses depuis septembre, après le changement de réglementation décidé par l'UCI (Union cycliste internationale). Pas moins de quatre en huit mois, la dernière signée par le Britannique Alex Dowsett .
S'il réussit, Wiggins s'inscrira dans une longue liste où les champions de leur époque (Coppi, Anquetil, Moser, Indurain) côtoient des coureurs modestes, voire parfaitement inconnus. Quand l'Ecossais Graeme Obree , dont le vélo reprenait une pièce tirée de sa... machine à laver, se révéla au monde sportif en juillet 1993, il n'était même pas professionnel.
- L'aveu de Merckx -
Le premier détenteur ? Un obscur clerc de notaire. Le 11 mai 1893, Henri Desgrange parcourt 35,325 kilomètres sur le défunt vélodrome parisien de Buffalo. Dix ans plus tard, il crée le TOUR DE FRANCE.
Le record devient un mythe quand le "campionissimo" Fausto Coppi souffre mille morts pour le battre (45,848 km), au coeur du second conflit mondial, en 1942, au vélodrome de Milan. La "machine" humaine a atteint ses limites, pense-t-on alors. Mais, treize ans plus tard, sur la même piste du Vigorelli, un surdoué, le Français Jacques Anquetil , fait mieux.
Autre prodige, Eddy Merckx , l'insatiable "Cannibale", s'y attaque à la fin de la saison 1972. "Je n'ai jamais autant souffert", avouera le Belge après ses 49,431 kilomètres accomplis en altitude à Mexico.
"Mon record nous a coûté 500.000 francs belges (environ 16.000 dollars de l'époque)", dira-t-il ensuite. L'expédition italienne centrée auTOUR DE FRANCEsco Moser dispose d'une toute autre envergure financière en 1984.
Sous la houlette du Pr Conconi, le médecin italien qui deviendra plus tard le spécialiste des effets du dopage sanguin, le triple vainqueur de PARIS-ROUBAIX bat le record à deux reprises, à quatre jours d'intervalle. Moser, juché sur un vélo équipé de roues pleines, ouvre une nouvelle ère.
- L'héritier de Boardman -
Recherche de l'aérodynamique, matériaux sophistiqués et, pour certains, aide pharmaceutique illicite mais indétectable à l'époque : le record, battu sept fois en trois ans (Obree par deux fois, Boardman, Indurain, Rominger par deux fois) progresse à pas de géant jusqu'aux 56,375 kilomètres de Chris Boardman en septembre 1996 sur sa piste fétiche de Manchester.
Là même où le Britannique établira le nouveau record de référence en 2000 après le changement de réglementation de l'UCI qui décide de revenir au vélo traditionnel et transforme les records de la période 1984-1996 en "meilleures performances dans l'heure".
Quinze ans plus tard, le règlement assoupli en 2014 autorise Wiggins, digne successeur de Boardman, à utiliser des éléments modernes et une position de contre-la-montre. Pour poser la marque à un niveau à même de décourager les éventuels prétendants.
Son vélo, au guidon en titane et à la fourche rétrécie ? Issu d'une collaboration entre Jaguar et le constructeur italien de cycles Pinarello, il serait "le plus aérodynamique sur lequel j'ai jamais roulé", selon le coureur.
A 35 ans, Wiggins, qui a tourné le dos aux grandes courses sur route en avril dernier à l'occasion de PARIS-ROUBAIX, veut établir le record une fois pour toutes. Puis, il se consacrera au dernier défi de sa carrière, un cinquième titre olympique à Rio en 2016.