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Malgré une forte volonté de favoriser la pratique du cyclisme dans l'émirat, le Qatar, pionnier dans l'organisation d'un Tour cycliste professionnel au Moyen-Orient et premier pays arabe à se voir attribuer l'organisation des Mondiaux sur route, peine encore à faire émerger de futurs champions, à l'instar de ses voisins.
"National Sport day" à Doha. En ce jour férié dédié à la pratique du sport, et célébré au Qatar chaque année le deuxième mardi de février, le cyclisme a été mis à l'honneur à l'occasion du Tour du Qatar et surtout en prévision de l'organisation prochaine des Mondiaux-2016 sur son sol.
Au milieu du désert rocailleux faisant face à l'Université du Qatar, un mini-village départ, avec des chapiteaux blancs et tapis sur le sol jouxtant les tentes bédouines traditionnelles, a été mis en place pour offrir une initiation au vélo pour les enfants. Cinq jeunes filles avec un survêtement violet de l'équipe nationale de cyclisme surveillent à proximité la centaine de vélos prêts à être empruntés.
Si le Qatar, petit Etat du Golfe indépendant depuis 1971, n'a aucune culture cycliste, sa volonté de développer ce sport, à la pratique et l'engouement encore balbutiants, à l'image de l'affluence disparate sur les routes du Tour local, est indéniable.
Aprés la création de sa fédération de cyclisme en 2001, l'émirat a lancé l'année suivante le Tour du Qatar, puis sa version féminine en 2009. Sous son impulsion, d'autres épreuves ont essaimé dans la péninsule arabique avec le Tour d'Oman depuis 2010, ou encore le Tour de Dubai créé en 2014.
- Progresser 'par paliers' -
Pour chaque projet de construction d'une nouvelle route, une piste cyclable devra même être obligatoirement inclue selon un décret de l'Etat du Qatar.
Mais près de 15 ans après, force est de constater que son volontarisme n'a pas permis de faire émerger de coureur qatari au plus haut niveau ou même d'en faire figurer au moins un sur la liste de départ du Tour du Qatar-2016. Et la perspective de faire un résultat aux Mondiaux-2016 paraît quasi impossible.
"Mais on part de zéro!", tient à tempérer Sheikh Khalid Bin Ali Al Thani, président de la fédérération qatarie de cyclisme, qui a fait appel à des compétences extérieures pour y remédier à l'image du Belge John Lelangue, ancien directeur sportif de l'équipe BMC, et progresser "par paliers".
"On travaille pour avoir une base de plus en plus large, en faisant de la formation dans les écoles, dans les clubs de sport, mais on essaye aussi forcément d'avoir une élite, sur le haut de la pyramide, pour faire des résultats", explique à l'AFP John Lelangue, directeur technique de l'émirat depuis plus d'un an, pour qui le niveau des équipes nationales se situent davantage "dans les championnats du Golfe, arabes et les courses du calendrier asiatique".
Ahmed Al Albourdainy, 25 ans, premier Qatari à avoir participé aux championnats du monde de cyclisme a par exemple terminé à la 61e place (sur 65) lors de l'épreuve du contre-la-montre à Richmond (Etats-Unis) en 2015. La possibilité de naturaliser des champions européens à l'image du handball est totalement écartée, assure Lelangue.
- 'Première expérience' -
"Nous sommes en train de créer un écosysteme pour qu'émergent d'un coup des talents. Nous leurs donnons des infrastructures pour qu'ils puissent s'épanouir", explique le président de la fédération. "Mais quand? Je ne peux pas le dire."
Seule équipe professionelle de la région à participer au Tour du Qatar, la formation Skydive Dubaï (niveau continental, 3e division ndlr), lancée en 2013 et rattachée au club omnisport d'Al Ahli, est confrontée aux mêmes problèmes.
Malgré ses moyens importants, ses deux jeunes coureurs émiratis au départ du Tour du Qatar, ont été contraints à l'abandon dès la deuxième étape à l'image de Sultan Al Hammadi, en très grande souffrance sur le circuit du Pearl.
"C'est leur première expérience dans une grande course, hors de leur catégorie. Pour eux, c'est une grande difficulté mais petit à petit avec l'entraînement, le niveau des coureurs locaux va progresser", explique à l'AFP Alberto Volpi, directeur sportif depuis octobre 2015 de la formation dubaïote, dont l'objectif est d'être la première équipe du Moyen-Orient à intégrer le WorldTour.
D'ici là, le jeune coureur avec le maillot national qatari sur le dos, qui s'est mis dans la roue d' Alexander Kristoff , sur le chemin de l'hôtel après sa victoire d'étape, peut mesurer le travail qu'il lui reste à accomplir.