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Astre mort du cyclisme américain, Lance Armstrong est dépossédé jusqu'à son patronyme par la championne olympique en titre, Kristin Armstrong , qui incarne à court terme aux Etats-Unis l'avenir de son sport, d'importance mineure par rapport aux mastodontes professionnels.
L'ombre d'Armstrong pèse en rapport de l'ampleur, gigantesque, du scandale. Sept Tours de France perdus pour dopage ! Et des procédures en cours qui obscurcissent son avenir.
Mais, à Richmond, où les Etats-Unis accueillent les Mondiaux durant la semaine pour la deuxième fois seulement de leur histoire (29 ans après Colorado Springs), le seul Armstrong qui vaille a les traits de Kristin, qui porte par coïncidence le même prénom que la première épouse du Texan.
Quand le sénateur démocrate de Virginie Mark Warner pose pour une photo avant les Mondiaux qui se déroulent dans son Etat, c'est à côté de la double championne olympique (2008 et 2012), de retour à la compétition après un arrêt de près de trois ans. Dans un pays où les médias traitent sensiblement à parité femmes et hommes au moins en ce qui concerne le cyclisme, Kristin Armstrong suscite au moins autant d'intérêt que Taylor Phinney , le coureur de pointe de la sélection américaine.
- Tout change dans les années 1980 -
Steve Bauer , ancien coureur devenu entraîneur au Canada, le rappelle, "la culture nord-américaine est plus favorable aux femmes, alors qu'en Europe, le cyclisme est plus ancré comme un sport d'hommes."
L'Amérique du Nord est restée absente du peloton professionnel jusqu'aux années 1980, longtemps après la vogue initiale qu'avaient suscité les épreuves sur piste à la fin du XIXe siècle. A cette époque, Major Taylor, premier sportif noir professionnel de ce niveau, enchaînait les records du monde et devenait une légende aujourd'hui oubliée du sprint.
La décennie 1980 a tout changé pour le cyclisme américain. Jonathan, dit Jack, Boyer ouvre la voie à ses compatriotes, une équipe professionnelle se monte avec l'appui de la chaîne de magasins 7-Eleven, et surtout Greg LeMond s'impose au sommet de la hiérarchie.
Champion du monde en 1983, vainqueur du TOUR DE FRANCE 1986, LeMond, au visage éternellement juvénile, adoré des médias, surmonte un grave accident de chasse pour enrichir un palmarès incontestable (un deuxième titre mondial, deux autres Tours de France). L'histoire fait le tour de la planète.
- Un avenir franco-américain -
"Greg a eu un impact mondial", estimait l'ancien président de la Fédération américaine, Jim Ochowicz. "C'est grâce à lui que les salaires ont explosé et qu'il y a eu une révolution technologique (guidon de triathlète, ndlr). Il a permis au Tour d'être mieux connu aux États-Unis."
Avec Armstrong, devenu une star dès lors qu'il gagne le Tour 1999 après avoir réchappé du cancer, le cyclisme acquiert encore un standing supérieur aux Etats-Unis. Pour chuter d'autant plus douloureusement - on parle d'une baisse de l'ordre de 20 % des licenciés - après la radiation du Texan intervenue en 2012.
La Fédération américaine, si longtemps associée au survivant du cancer, est repartie sur de nouvelles bases avec d'autres dirigeants (Derek Bouchard-Hall pour président, Bob Stapleton pour directeur). Pour elle, le défi consiste à recrédibiliser un sport, au-delà de l'usage du vélo qui séduit une population de plus en plus large.
A plus long terme, l'avenir pourrait prendre les traits du tout jeune Adrien Costa (18 ans), déjà deux fois médaillé dans la catégorie juniors aux Mondiaux. Le Californien, qui a gagné plusieurs des courses importantes du calendrier, a une particularité qui le rapproche de l'Europe, berceau du cyclisme : ses deux parents sont français.