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Courage Adams sur son BMX, le 12 octobre 2016 à Paris
A 6 ans, il fuit le Nigeria et la misère pour se réfugier avec sa famille en Espagne. A 20 ans aujourd'hui, Courage Adams est la future grande star du BMX Street, sport extrême dont les pratiquants réalisent d'impressionnantes acrobaties à vélo sur du mobilier urbain.
"Je me sens tellement bien avec un vélo, j'oublie tout. J'adore ça", raconte le talentueux rider à l'AFP, bonnet noir enfoncé jusqu'aux oreilles, son vélo non loin de lui.
Seul africain de sa discipline il écume Paris depuis plusieurs jours à la recherche de 'spots' pour un concours vidéo, le Sosh Urban Motion, qui réunit les plus grands spécialistes mondiaux du BMX.
"Aujourd'hui Courage est l'un des meilleurs pros et le meilleur streeter européen. Le vélo ça l'a sorti de la misère. Dans ces cas-là le BMX abat les frontières. Que tu sois petit, grand, beau, moche, black, jaune, au final on fait tous du BMX", assure le Français Matthias Dandois, champion du monde 2016 de BMX Flat.
Courage Adams a fui le Nigeria avec sa mère et ses deux soeurs, Lisa et Faith (Foi, en anglais), en 2003 pour rejoindre son père, entré illégalement en Espagne quelques mois auparavant et installé dans un village près de Pampelune.
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Courage Adams, le 12 octobre 2016 à Paris
"C'était dangereux de vivre au Nigeria. On ne se sentait jamais en sécurité. A tout moment, un voleur pouvait entrer chez vous et tout vous prendre. En plus du danger, trouver un boulot était vraiment difficile", se souvient-il.
Trois ans plus tard, il découvre le BMX. Il s'y colle, poste des vidéos qui font chacune des dizaines de milliers de vues et se fait courtiser par les sponsors, tellement il virevolte avec une incroyable technicité.
- 'Je suis devenu quelqu'un' -
Le BMX Street est une affaire de pros. Les grandes marques de l'industrie de ce vélo sont a l'affût de talents pour être leurs ambassadeurs, tout comme les équipementiers spécialisés ou encore des sociétés dont la communication est tournée vers les jeunes.
Ils leur proposent des contrats qui vont du don de matériel a un salaire. C'est en cumulant les partenariats que ces riders arrivent a vivre de leur passion, avec un statut de professionnel.
Cela vaut pour le BMX mais encore plus pour le BMX Street qui est avant tout une discipline axée sur l'image. Adams a débuté aux côtés d'un magasin de BMX en Espagne quand il était encore adolescent et a désormais rejoint le cheptel d'une grosse marque de boisson énergisante, qui crée des compétitions
"C'est génial! Grâce à mon vélo je suis devenu quelqu'un aujourd'hui. Je peux dire que jamais je n'aurais imaginé avoir tout ce que j'ai juste en ridant avec mon vélo. Je suis vraiment un gars chanceux", se réjouit cet as du deux-roues qui aurait pu finir footballeur.
"Mes parents voulaient que je joue au football. Ils me disaient: le football c'est l'argent. Mais moi je hais le football! On s'ennuie au football".
Il est encore loin d'avoir réalisé tous ses rêves. Le plus précieux: un sésame qu'il attend depuis 10 ans. "J'aimerais avoir mon passeport espagnol. Avec ça, je pourrais aller aux Etats-Unis".
Pour être le N.1 mondial, il doit être reconnu par ses pairs, c'est-à-dire s'illustrer sur le circuit américain. "Peut-être dans un an", souffle-t-il.