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© AFP/Luk BENIES
Le directeur du TOUR DE FRANCE Christian Prudhomme, lors du Tour d'Italie, le 11 mai 2017 à Reggio de Calabre
Evénement festif autant que sportif, le TOUR DE FRANCE s'inscrit pleinement dans son époque, ses bonheurs et aussi ses risques, estime son directeur Christian Prudhomme avant le départ de la 104e édition, samedi en Allemagne.
"La plus grande force du Tour est d'avoir toujours su s'adapter", déclare à l'AFP Christian Prudhomme insistant qu'il "doit être utile".
Q: Le Tour a-t-il une responsabilité dans notre société ?
R: "J'ai la conviction qu'il doit être utile. C'était mon sentiment un peu diffus depuis un ou deux ans, c'est une certitude aujourd'hui. Je l'ai vu notamment avec la dictée du Tour, la différence de réaction entre les hommes et les femmes chez les élu(e)s toutes tendances confondues. Il nous faut être utile, apporter quelque chose aux gens, ce qui sera fait sur des villes-étapes du Tour avec des ateliers pour réparer des bicyclettes et expliquer comment il faut faire en cas de crevaison. Le Tour doit faire le lien entre le vélo des champions et la bicyclette de tous les jours."
Q: En matière de sécurité, que peut faire l'organisateur ?
R: "D'abord suivre scrupuleusement les directives du ministère de l'Intérieur. Le premier risque sur le TOUR DE FRANCE est le risque routier. Quand on a 12 millions de personnes sur le bord des routes, des véhicules qui passent, des coureurs devant et derrière, il faut faire attention afin que l'enthousiasme n'élimine pas l'attention. Ce sont donc 23.000 policiers et gendarmes sur les routes du Tour, des campagnes de prévention dans les médias, des pilotes triés sur le volet avec des stages de perfectionnement auprès de l'école de gendarmerie de Fontainebleau pour les motards, auprès de centres agréés pour les pilotes auto."
Q: Quid du risque d'attentats ?
R: "Il y aura pour la deuxième année la présence du GIGN (groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), le centre de coordination mis en place l'année dernière sur la ligne d'arrivée avec un sous-préfet, les représentants de la police, de la gendarmerie, des pompiers et d'ASO. L'une des nouveautés, c'est qu'il y aura quatorze gendarmes avec des chiens dressés pour détecter des explosifs en mouvement qui seront chargés d'être au plus près des podium départ et arrivée. Pendant la course, ce sera le dispositif de la fin du Tour 2016 après l'attentat de Nice."
Q: Aurez-vous un dispositif propre à ASO ?
R: "Nos agents de sécurité seront plus nombreux cette année à l'intérieur du village départ ou des zones stricto sensu TOUR DE FRANCE, avec également des chiens, ce qui n'était pas le cas les années précédentes."
Q: Et pour l'étranger ?
R: "Nous avons des accords de la même manière avec les autorités en sachant naturellement que les forces spéciales françaises ont elles-mêmes des contacts avec les forces spéciales des pays étrangers."
Q: Pourquoi ce retour du Tour en Allemagne, un pays qui s'en était désintéressé ces dernières années ?
R: "Il y a eu une période d'amour fou puis de désamour fou. On est dans des relations plus sereines, plus adultes peut-être. La candidature de Düsseldorf existait au début des années 2000, elle a été relancée par le maire Thomas Geisel."
Q: Dix ans après une édition marquée par les affaires de dopage (Vinokourov, Rasmussen), le Tour est-il plus propre ?
R: "Beaucoup de choses ont changé en dix ans. Le cyclisme n'est plus le vilain petit canard, il n'est pas non plus un monde parfait, qui n'existe pas d'ailleurs dans le sport ou dans toute activité humaine. Le combat contre le dopage, la triche de manière générale, est à mener pied à pied et il ne s'arrêtera jamais. Ce qui me plaît, c'est de voir parmi les meilleurs coureurs du Tour des jeunes qui ont brillé sur le Tour de l'Avenir. On est revenu à quelque chose de plus logique."
Q: Un vainqueur français du Tour, est-ce possible ?
R: "Jusqu'en juin 2014, j'aurais répondu immédiatement non. Ce n'est plus le cas. On a eu trois Français sur le podium en trois éditions, ça veut dire quelque chose. Je suis convaincu que les Français vont être encore dans le coup pour gagner des étapes, pour le classement général."
Q: Le kilométrage des contre-la-montre est à la baisse. Est-ce en lien avec la faiblesse française en ce domaine ?
R: "Il n'y a aucun lien avec les Français mais avec le risque d'une course bloquée. Les chronos font des écarts que la montagne ne fait plus. Je rêverai d'un scénario à la Anquetil/Bahamontes, un rouleur-type qui limite les dégâts en montagne et des grimpeurs qui vont essayer de reprendre le temps perdu, mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. C'est pour cette raison qu'il y a moins de kilomètres contre-la-montre et que l'essentiel vient au bout du Tour, pour que les grimpeurs ne se retrouvent pas avec deux ou trois minutes de retard, des retards impossibles à refaire."
Q: Qu'avez-vous cherché en optant pour ce parcours ?
R: "L'espoir, c'est que les coureurs qui osent aient une sorte de prime sur ce parcours. Cette saison, on s'est retrouvé plusieurs fois, à Paris-Nice, au Giro, au Dauphiné, avec des coureurs regroupés au classement en fin de course. On rêve de ça pour le Tour !"