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Christian Prudhomme, directeur du TOUR DE FRANCE depuis 2007, entame son deuxième septennat à la tête d'une course incomparable, "un chemin de sourires sur 3500 kilomètres" selon sa formule, qui commence samedi en Angleterre.
Q: Le Tour part encore de l'étranger. Reste-t-il le TOUR DE FRANCE?
R: "Le départ de l'étranger est une vieille tradition. Il s'agit d'attirer de nouvelles populations pour un parcours qui est aux 9/10e toujours en France. Le TOUR DE FRANCE, grâce à sa retransmission télévisée, met en valeur les régions, les territoires, comme aucune autre épreuve sportive ne peut le faire. Quand je vais en Australie, au Japon, les gens disent: quels paysages, quel pays... Il faut être fier du Tour. C'est un chemin de sourires sur 3500 kilomètres, c'est exceptionnel".
Q: Quel est le prochain terrain de conquête?
R: "Le TOUR DE FRANCE est la plus grande course cycliste du monde, avec des champions qui viennent de partout. Son terrain de conquête, c'est maintenant le champion chinois, il y aura dailleurs pour la première fois un coureur chinois au départ, le champion d'Afrique noire. L'émergence, pour l'instant en filigrane, de quelques coureurs érythréens est formidable".
Q: A quoi peut-on s'attendre sportivement?
R: "On a eu la meilleure bande-annonce possible avec le Dauphiné. Le rêve, c'est qu'on ait deux champions à un niveau quasiment égal de force et de valeur, Froome et Contador, et que la bagarre soit aussi tactique. Le sport cycliste a souvent du mal à montrer le travail d'équipe, l'aspect tactique. Je rêve qu'entre deux champions d'égale valeur, ça puisse se jouer sur des 'coups'".
Q: Que peut faire l'organisateur pour inciter aux surprises
R: "Essayer de varier les parcours. Dans le Yorkshire, il y avait la possiblité, dans un paysage magnifique, de faire deux étapes complètement différentes, la première pour le sprint, la deuxième pour les puncheurs ou les coureurs du classement général. On a la volonté d'avoir dès les premiers jours les principaux protagonistes en évidence, qu'il se passe quelque chose".
Q: Est-ce la raison de la réintroduction des pavés?
R: "J'avais adoré l'étape de 2010, quand on avait retrouvé devant les champions de PARIS-ROUBAIX et les champions du Tour. Il y a plus de pavés cette fois, parce que c'est un élément d'incertitude. Les managers d'équipes, comme dans toute activité humaine, veulent que ce qu'ils ont prévu se déroule. Les organisateurs, les journalistes, le public, les fans, ont envie de surprises. C'est ce que peuvent produire les pavés et le vent. Il n'y a pratiquement plus que ça pour créer la surprise, même si on a vu l'an dernier dans les Pyrénées qu'il pouvait y avoir des surprises en montagne".
Q: L'hyper-spécialisation des coureurs vous convient-elle ou vous inquiète-t-elle?
R: "Je n'aime pas l'ultra-spécialisation. En tant qu'organisateur, on essaie de varier les plaisirs. Mais, souvent, le coureur le mieux préparé dans chaque équipe pour telle étape est considéré comme l'arme fatale, et son équipe fait tout pour qu'il soit placé dans les bonnes conditions. La victoire est tellement importante sur chaque étape. Quand on dit une classique par jour, c'est la réalité. Depuis deux ans, il me semble cependant que les managers et beaucoup de coureurs ont bien conscience que la plus grande force du sport cycliste tient à l'épopée, l'audace, l'offensive, la grande échappée. Le cyclisme ne peut pas se contenter de choses étriquées, ça ne correspond pas à son histoire".
Q: L'ombre d'Armstrong (déchu en 2012 de ses sept victoires pour dopage) est-elle toujours présente?
R: "Il ne faut jamais oublier. J'aime la formule de Roger Legeay pour le Mouvement du cyclisme crédible (MPCC): 'il faut laisser la lumière allumée'. Il a raison, ô combien. Comme dans toute activité humaine, pas seulement le cyclisme, qui est trop souvent la cible".
Q: Le changement de présidence de l'UCI a-t-il modifié beaucoup de choses?
R: "Disons qu'il y a un apaisement sur la scène internationale notamment vis-à-vis des instances. A la dernière réunion du Conseil du cyclisme professionnel (CCP), on a eu la visite de Thomas Bach, le président du Comité international olympique, qui a évoqué l'avenir du vélo et les efforts faits par le cyclisme dans la lutte antidopage".
Q: Etes-vous satisfait de ce qui a été fait ces dernières semaines à ce sujet?
R: "Plus il y a des contrôles avant le départ du Tour, mieux je me porte".