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© AFP/Tom Pennington
Lance Armstrong
avant le départ de la course amateur au profit de sa fondation Livestrong le 21 octobre 2012 à Austin
Lance Armstrong pourrait disparaître des palmarès en tant que septuple vainqueur du TOUR DE FRANCE lundi si la Fédération internationale de cyclisme (UCI) décide de suivre l'Agence antidopage américaine (Usada) et ne pas faire appel au Tribunal arbitral du sport (TAS).
Rarement la décision d'une fédération sportive n'a été aussi attendue. L'UCI a d'ailleurs quitté son siège à Aigle et convié la presse dans un hôtel de Genève, à l'autre bout du Lac Léman, à 13h00 (11h00 GMT).
Le 24 août, l'Usada a certes déjà décidé de rayer d'un trait tout le palmarès d'Armstrong après le 1er août 1998 et de le bannir à vie du sport de compétition. Mais seule l'instance dirigeante du cyclisme mondial peut valider cette sanction au-delà du territoire américain, notamment pour les victoires du coureur texan dans la Grande Boucle de 1999 à 2005.
"Sauf si l'examen des documents devait révéler un problème important, l'UCI n'a pas l'intention d'aller en appel", a répété à maintes reprises le président de l'UCI, Pat MacQuaid, depuis septembre.
Mais tout est dans ce "sauf". Car si l'UCI attendait le dossier de l'Usada avant tout pour vérifier quelques problèmes possibles "de compétence et de prescription", elle a pris un gros coup sur la tête.
L'UCI pointée du doigt
Dans son rapport motivé publié le 10 octobre, l'Usada explique comment le survivant d'un cancer des testicules a pu faire sa loi dans le peloton à coup d'injections d'EPO, de transfusions sanguines et de pilules de testostérone, et accuse au passage l'UCI d'avoir protégé son champion.
L'Usada pointe du doigt son ancien président, Hein Verbruggen, toujours président d'honneur. Et elle n'est guère plus tendre avec son successeur depuis 2005, Pat McQuaid, qui, au lieu, selon elle, d'écouter les confessions de Floyd Landis , un des anciens équipiers d'Armstrong, au printemps 2010, l'a poursuivi en diffamation avec succès.
Quel que soit le choix de l'UCI lundi, il est à double tranchant.
Si elle emboîte le pas de l'Usada, le cas Armstrong est clos au niveau sportif et la fédération peut essayer de tourner la page des années noires du cyclisme. Mais le rapport de l'Usada parlant de "l'un des chapitres les plus sordides de l'histoire du sport" devient vérité officielle.
Fuite des sponsors
Au risque de se faire accuser de servir une nouvelle fois le jeu d'Armstrong, l'UCI a aussi de bonnes raisons de faire appel au TAS. D'une part, pour donner sa version des faits, et d'autre part pour demander une sanction qui soit dans les mêmes barèmes que ceux des autres grandes stars du cyclisme de l'ère Armstrong condamnées pour dopage, de l'Espagnol Alejandro Valverde à l'Allemand Jan Ullrich .
Le Code mondial antidopage fixe normalement à huit ans la prescription pour les infractions antidopage et à quatre ans maximum la durée de suspension pour une première condamnation. Mais l'Usada a choisi d'outre-passer ces règles au motif qu'Armstrong a tout fait pour cacher ses actes frauduleux.
A 41 ans, le coureur texan pourrait perdre plus que quelques lignes sur un des plus beaux CV sportifs jamais écrits. Dans la foulée du rapport, il a déjà démissionné de la présidence de sa fondation Livestrong et perdu plusieurs sponsors, dont Nike, qui le soutenait depuis 1996, refroidie par les "preuves apparemment rédhibitoires" de l'Usada.
Financièrement, l'ancien champion pourrait également souffrir, avec près de 9 millions d'euros de gains accumulés sur son vélo qui pourraient lui être réclamés.
Après la justice sportive, le champion du monde 1993 pourrait avoir aussi des soucis sur le plan judiciaire aux Etats-Unis. Il pourrait être poursuivi pour parjure, pour avait affirmé sous serment ne s'être jamais dopé, avec le risque de finir en prison.
Vendredi soir, lors d'un gala à l'occasion des 15 ans de sa fondation à Austin, Armstrong avait cité Martin Luther King et son "espoir infini". Et un espoir qui repose sur l'UCI.