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Dix ans après la fin tragique de Marco Pantani , le combat de sa famille pour démontrer l'assassinat du vainqueur du Tour 1998 fait toujours vibrer l'Italie, bien que la thèse originelle, la mort par overdose de cocaïne, ait été récemment confortée.
Le complot, l'ombre de la mafia, la chute du mythe du "Pirate", auteur du doublé Giro-Tour en 1998 grâce à des attaques saignantes en montagne: l'affaire Pantani réunit tous les ingrédients d'un bon "giallo" (jaune, la couleur du roman noir en Italie).
- Mortelle Saint-Valentin -
"Il a été tué?" Le fameux titre de la Gazzetta dello sport du 2 août 2014 a depuis longtemps perdu son point d'interrogation dans de nombreux médias italiens, qui se sont vite emparé de l'affaire.
L'avocat de la famille, Antonio De Rensis, a présenté un dossier avec de nouveaux indices, entraînant la réouverture de deux enquêtes.
La première concerne la mort du "Pirate", le 14 février 2004, jour de la Saint-Valentin, dans une chambre de la résidence "Le rose", à Rimini (côte adriatique, est).
Pour l'enquête sur "homicide volontaire", le procureur de Rimini, Paolo Giovagnoli, explique avoir enregistré un "dossier modèle 44 (pour les plaintes contre X, ndlr), puisqu'on ne cite pas d'éventuels responsables."
- Madonna di Campiglio: la chute -
L'autre piste relancée à la suite des recherches de Me De Rensis repart début septembre, quand le parquet de Forli (Romagne, est) ouvre une enquête sur une présumée "fraude sportive". On aurait trafiqué l'hématocrite du coureur pour l'exclure du Giro le 5 juin 1999, à Madonna di Campiglio, le scandale à l'origine de la descente aux enfers: Pantani est chassé à 36 heures d'un triomphe acquis.
L'avocat s'appuie cette fois sur les aveux de Renato Vallanzasca, un chef de la pègre, qui a raconté qu'en prison un détenu lui avait dit de parier gros sur le fait que le Romagnol ne gagnerait pas le Giro 1999.
Deux parquets différents par le passé ont déjà écarté les déclarations de Vallanzasca, qui remontent à 2008. La nouvelle enquête de Forli n'est en fait que l'actualisation du dossier déjà classé six ans plus tôt, pour menaces à l'encontre de l'entourage de Marco Pantani , qui se seraient prolongées jusqu'à 2014.
- Quels nouveau indices? -
"Il reste beaucoup de questions sans réponse dans cette affaire, a affirmé l'avocat de la famille Pantani à l'AFP. Nous continuerons à combattre jusqu'à parvenir à de justes conclusions".
L'AFP a pu visionner le film réalisé par la police quand elle est entrée dans la chambre où gisait Pantani. Selon De Rensis, ce film permet d'envisager que le "Pirate" ait été forcé d'ingurgiter une grande quantité de cocaïne diluée dans un verre d'eau.
L'expert médico-légal de la famille, le docteur Francesco Avato, affirme pour sa part qu'il est "plausible" que les lésions aient été provoquées par une lutte entre Pantani et un agresseur.
Matt Rendell, biographe anglais de Pantani, accuse lui "le destin, le seul assassin à pouvoir s'introduire dans une chambre fermée à clef".
Mais les premières conclusions officieuses de la nouvelle enquête, que l'AFP s'est procurée, confortent la thèse d'il y a dix ans, celle de la mort par overdose.
" Marco Pantani n'a pas été agressé ni frappé avant de mourir", affirme le médecin légiste Franco Tagliaro, les lésions superficielles que présentaient le "Pirate" sur le visage et le corps n'ont pas été produites par un tiers.
- Le chagrin d'une mère
Les affirmations du Pr. Tagliaro rejoignent la thèse du journaliste Andrea Rossini, qui réfute que le Romagnol ait pu être victime d'un complot dans un livre qui vient de paraître, "L'affaire Pantani, le dernier kilomètre (secrets et mensonges)" (NdA press).
L'auteur, journaliste au Corriere Romagna, présente son ouvrage en admettant que "conclure: +Il n'a pas été tué+ est une thèse peu commerciale".
"Les amateurs de polar ne trouveront pas le nom du coupable, parce qu'il n'existe pas", écrit Rossini, "les batailles judiciaires de la famille Pantani ne parviendront pas à démontrer la thèse de l'assassinat et du complot, trop fragiles face à l'examen critique".
Antonia "Tonina" Pantani ne veut pas écouter les "mensonges" du journaliste sur la mort de son fils. L'auteur présente le combat de la mère comme "une entreprise humainement compréhensible, mais désespérée".