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© AFP/Jean-Pierre Clatot
Jeannie Longo et son mari Patrice Ciprelli, le 27 octobre 2011 aux Six jours cylistes de Grenoble.
L'enquête pour achats d'EPO visant Patrice Ciprelli est valide, a décidé mercredi la cour d'appel de Grenoble, rejetant les recours en nullité déposés par les avocats du mari et entraîneur de la cycliste Jeannie Longo, qui dénonçaient une procédure "déloyale".
La cour d'appel a rejeté l'essentiel des requêtes en annulation déposées par les avocats de M. Ciprelli, ne leur donnant gain de cause que sur un point mineur de la procédure.
"C'est une concession mesquine", a réagi Me Pierre Albert, avocat de Patrice Ciprelli. La cour d'appel "écarte des moyens de nullité sans crainte de torturer les faits et le droit", a-t-il critiqué, assurant qu'il déposerait un pourvoi en cassation.
Dans un mémoire de 43 pages, les avocats de M. Ciprelli fustigeaient "la déloyauté et la partialité dont est entachée la procédure" ainsi que "de graves et constants excès de pouvoir".
Le mari de Jeannie Longo, qui a reconnu avoir acheté de l'EPO pour son usage personnel, avait été mis en examen le 10 février 2012 et laissé libre sous contrôle judiciaire.
Me Paul Mauriac, l'avocat de la Fédération française de cyclisme (FFC), qui s'est constituée partie civile, a pour sa part vu dans cette décision un motif de "soulagement".
"Cela aurait été dommage que l'enquête s'arrête à ce stade, ça aurait eu un goût d'inachevé", a-t-il expliqué.
"L'enquête reprend son cours. Le juge d'instruction va pouvoir recommencer son travail de fond", a indiqué de son côté le parquet général de Grenoble.
L'enquête visant M. Ciprelli avait été ouverte en septembre 2011, au lendemain de la publication d'un article du journal L'Equipe faisant état d'achats d'EPO chinoise en avril 2007 par l'entraîneur de Mme Longo.
Ces faits étaient prescrits mais les enquêteurs ont par la suite mis au jour des achats d'EPO plus récents, d'un montant de moins de 500 euros chacun, remontant à mai et juin 2011.
Dans son arrêt de mercredi, consulté par l'AFP, la cour d'appel souligne d'ailleurs que l'achat d'EPO effectué en juin 2011 avait été résilié le 12 septembre 2011, soit la "veille de la sortie de l'affaire" dans l'Equipe.
Les commandes d'EPO étaient passées à une pharmacie turque par le biais de sites internet domiciliés à l'Ile Maurice. Les colis étaient livrés à la mère de Patrice Ciprelli ou à son ami Michel Lucatelli, entraîneur de l'équipe de France de ski-cross.
Ce dernier a reconnu avoir reçu environ six colis destinés à Patrice Ciprelli, chez lui ou chez sa mère, en 2010 et 2011 mais a assuré qu'il ignorait leur contenu. Le mari de Jeannie Longo lui aurait en effet dit qu'il s'agissait de Viagra.
Le 8 février 2012, en allant chercher M. Ciprelli à l'Alpe d'Huez pour le placer en garde à vue, les enquêteurs ont en outre mis la main sur un papier sur lequel figurait le nom du site pharmacyescrow.com, un code identifiant et un mot de passe.
Ils découvraient alors un compte au nom de Patrice Ciprelli qui recensait une quinzaine de commandes d'EPO pour un montant total de 19.273,65 dollars (environ 14.800 euros), selon l'arrêt de la cour d'appel.
Interrogé à ce sujet, M. Ciprelli a affirmé qu'il s'agissait d'achats effectués pour sa consommation personnelle, afin d'accélérer sa guérison suite à des chutes de vélo. Jeannie Longo a dit n'être au courant de rien.
Depuis sa mise en examen, l'entraîneur a refusé de s'exprimer sur le fond de l'affaire, se contentant de contester le travail des enquêteurs.
Placé sous contrôle judiciaire, M. Ciprelli est suspendu de ses fonctions d'entraîneur professionnel et ne peut entraîner sa femme, championne olympique 1996 et doyenne du cyclisme français, ni sortir de France sans autorisation.