Happy Birthday : |
Deux juges d'instruction grenoblois ont ordonné le renvoi devant le tribunal correctionnel de Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de la légende du cyclisme féminin Jeannie Longo, pour des achats d'EPO, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
"L'enquête démontre (...) que M. Ciprelli a pris de nombreuses précautions pour importer ces produits et dissimuler ces faits qu'il persiste aujourd'hui à nier par des explications non crédibles et pour certaines totalement fantaisistes malgré des éléments de preuves accablants", écrivent, dans une ordonnance en date du 19 mai, les juges Michel Mollin et Nicolas Josué.
Ils ordonnent le renvoi en correctionnelle de M. Ciprelli, 61 ans, pour "avoir été intéressé à la fraude d'importation en contrebande de marchandises prohibées en l'espèce de produits dopants (EPO)" entre le 14 septembre 2008 et le 14 septembre 2011.
Conformément aux réquisitions du parquet, qui avait invoqué des raisons juridiques complexes, les juges prononcent un non lieu partiel, portant sur deux chefs de mise en examen.
L'enquête, ouverte le 14 septembre 2011 sous l'autorité du parquet puis confiée à un juge d'instruction à partir de février 2012, a permis d'identifier huit commandes d'EPO, sous la forme de 63 boîtes ou flacons, entre octobre 2007 et juin 2011 pour un montant total de 9.363 dollars (8.350 euros).
Les commandes d'EPO effectuées depuis septembre 2008, qui ne tombent pas sous le coup de la prescription, s'élèvent à 3.110 dollars (2.774 euros) pour 33 boites ou flacons.
Ces commandes, passées sur le site internet pharmacyescrow.com, étaient payées avec la carte bancaire de M. Ciprelli ou celle de sa femme et livrées chez sa mère ou chez un ami.
"Les suspicions de dopage des personnes qu'entraînait M. Ciprelli, au premier rang desquelles son épouse Jeannie Longo, n'ont pas été confirmées par l'enquête et l'expertise du dossier médical de cette dernière", soulignent les juges.
M. Ciprelli entraîne sa femme depuis 1985 et a également été l'entraîneur de la cycliste Edwige Pitel de 2006 à 2009.
Dans son réquisitoire, le parquet avait évoqué des "suspicions de dopage" à l'encontre de Jeannie Longo, 57 ans, "dont les performances sportives exceptionnelles et la particulière longévité interrogent". Mais il avait également souligné que les investigations n'avaient "pas permis d'apporter la preuve irréfutable de ce dopage".
L'EPO est une hormone utilisée pour accroître le volume d'oxygène dans le sang par la stimulation de globules rouges, augmentant ainsi la performance en endurance des sportifs.
Durant l'enquête, M. Ciprelli a d'abord nié les faits, puis a reconnu des achats d'EPO pour sa consommation personnelle durant sa garde à vue. Il a enfin évoqué "un montage grossier", un "complot" destiné à atteindre son épouse.
Son avocat, Me Bruno Ravaz, a critiqué un renvoi en correctionnelle "un peu audacieux" et "tiré par les cheveux". "C'est manifestement la volonté de le traîner absolument devant le tribunal correctionnel où à mon avis il n'a rien à faire", a commenté l'avocat, qualifiant les faits pour lesquels son client est poursuivi d'"achats des médicaments sans ordonnance".
L'ordonnance de renvoi en correctionnelle est susceptible d'un appel devant la chambre de l'instruction. "Ce n'est pas encore décidé", a précisé Me Ravaz à ce sujet.
Me Paul Mauriac, avocat de la Fédération française de cyclisme, partie civile dans ce dossier, n'a pas pu être joint.