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© AFP/Valery Hache
L'ancien patron de l'UCI Hein Verbruggen lors d'une conférence de presse à Vérone (Italie), le 2 octobre 2004
La chute de Lance Armstrong pour dopage a entraîné la mise en accusation de l'Union cycliste internationale (UCI), autorité de tutelle, dont les dirigeants sont soupçonnés au mieux de complaisance, au pire de corruption.
Hein Verbruggen (71 ans), le président tout-puissant de l'époque, et Pat McQuaid (63 ans), son successeur à partir de 2005, sont en première ligne.
Avec eux, c'est l'institution qui est éclaboussée et souvent plus. La défiance, poison contagieux, a contraint l'UCI à réagir, à allumer des contre-feux dont les résultats risquent d'ajouter à la confusion.
Le rapport de l'Agence antidopage américaine (Usada), qui a conclu au dopage organisé du Texan, a touché la fédération internationale de plein fouet. Il a fustigé -logiquement- deux dons faits par Armstrong à l'UCI, pour acheter du matériel antidopage. Il a rappelé -malignement- deux contrôles suspects du coureur dans les années 2001-2002. Il s'est étonné que le septuple vainqueur (déchu) du TOUR DE FRANCE ait pu si longtemps passer à travers les mailles du filet.
Dans la foulée, des voix, surtout aux Etats-Unis et en Australie, se sont élevées pour demander le départ des dirigeants de l'UCI. Un groupe de pression, lancé à l'initiative d'un équipementier australien, s'est fait entendre. Avec l'ancien champion américain Greg LeMond pour porte-drapeau. Un an avant l'élection de son président, la fédération est affaiblie, en partie décrédibilisée, sa légitimité à restaurer.
"Ils doivent démissionner. Toute personne honorable l'aurait fait depuis des années", estime LeMond (51 ans), triple vainqueur du TOUR DE FRANCE. "Si ce sport doit changer, c'est maintenant ou jamais", insiste-t-il.
McQuaid, qui n'a nullement l'intention de démissionner mais postule au contraire à un troisième mandat en septembre 2013, a consenti à mettre en place une commission indépendante pour faire la lumière sur les reproches qui sont faits à l'UCI durant la trouble époque d'Armstrong. Trois juristes (deux Britanniques et un Australien), choisis par une tête pensante du Tribunal arbitral du sport (TAS), ont jusqu'à début juin 2013 pour rendre leurs conclusions et propositions.
En parallèle, le président de l'UCI a annoncé le lancement d'une consultation publique, au cours du premier trimestre 2013, associant toutes les parties du cyclisme. Pour réformer ce sport, à défaut de sa gouvernance.
"L'UCI a réagi dans l'affolement, elle a adopté un calendrier catastrophique, note un organisateur qui préfère rester dans l'anonymat. C'est de l'amateurisme. Si elle adopte les mesures qui se dégagent de cette consultation, cela revient à vider de leur substance les conclusions de la commission indépendante. Si elle ne le fait pas, à quoi bon demander leur avis aux acteurs du cyclisme ?"
Pour l'heure, l'UCI, dont le système de classement sportif (déterminant pour appartenir à la première division) fait l'unanimité contre lui de la part des coureurs et des équipes, doit d'abord se justifier sur le front de l'antidopage.
Actuellement, c'est une branche de l'UCI (CADF, Cycling Anti-Doping Foundation) qui gère l'ensemble du système des contrôles. Les contestataires demandent, réclament, exigent, l'indépendance de cette activité. Les coureurs, c'est significatif, la souhaitent aussi. Aujourd'hui, malgré les progrès évidents de ces dernières années (quel autre sport a mis sur la touche ses plus grandes vedettes ?), la défiance court.