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Le Colombien Esteban Chaves, triomphant dans les Dolomites, a gagné la 14e étape du Giro, samedi à Corvara, et a pris rang de trouble-fête idéal du Giro désormais mené par le Néerlandais Steven Kruijswijk, nouveau maillot rose.
Le verdict de l'étape-reine, sous les hautes parois dolomitiques, s'est avéré lourd pour l'Espagnol Alejandro Valverde , qui a cédé trois minutes. Beaucoup moins pour le champion d'Italie Vincenzo Nibali , qui a lâché seulement 37 secondes au duo Chaves-Kruijswijk, les gagnants de cette splendide et longue étape (plus de six heures de vélo) sous le soleil des Alpes.
La course a surtout couronné Chaves, un vrai talent de 26 ans dont la carrière a failli se terminer prématurément alors qu'il avait pris la suite (en 2011) de son compatriote Nairo Quintana au palmarès du Tour de l'Avenir.
Le Colombien au visage d'angelot a passé quatre jours dans le coma, au début de la saison 2013, suite à une très grave chute dans le Trophée Laigueglia, sur la côte ligure (nord-ouest de l'Italie). Il a suivi ensuite une très longue rééducation mais a gardé des séquelles de cet accident. Aujourd'hui encore, il ne peut lever complètement un bras.
Intelligent, très malin en course, Chaves a couru à la perfection dans l'étape de Corvara, qui franchissait pas moins de six cols (Pordoi, Sella, Gardena, Campolongo, Giau, Valparola). Il a laissé les équipiers de Valverde et du maillot rose, le Costaricien Andrey Amador, dicter l'allure avant que ceux de Nibali (Scarponi surtout) durcissent le rythme dans le Giau, l'ascension la plus dure du jour.
- Nibali en attente -
Nibali est passé à l'offensive sur un faux-plat dans le Valparola, à 28 kilomètres de l'arrivée, sans que Valverde, placé dans sa roue, puisse le suivre. Mais le Sicilien, toujours entreprenant, a été débordé ensuite par Kruijswijk, imité par Chaves.
Le duo, soudé par des intérêts communs, est revenu sur les derniers rescapés de l'échappée (Siutsou, Preidler) et même le Colombien Darwin Atapuma, rejoint à seulement 1800 mètres de la ligne. Au sprint, Chaves a signé la 22e victoire d'étape colombienne dans le Giro, deux ans après le dernier succès de Quintana.
Le coureur natif de Bogota, au regard franc et au sourire sympathique, est remonté à la troisième place du classement, à 1 min 32 sec de Kruijswijk.
Peut-il gagner le Giro comme Quintana deux ans plus tôt ? "C'est trop tôt pour le dire", a répondu Chaves qui a souri en évoquant le cas de son coéquipier australien Mathew Hayman : "Il a gagné PARIS-ROUBAIX quelques semaines après s'être cassé le bras. Moi, le médecin m'a dit que je ne remonterai jamais sur le vélo après mon accident. Tout est possible."
Il reste que Nibali, "un grand champion" de l'avis de Chaves, occupe une position d'attente (2e à 41 sec du maillot rose) avant le contre-la-montre de l'Alpe di Siusi. "C'est lui qui demeure le favori", a estimé Kruijswijk (28 ans), un habitué des places d'honneur dans les grands tours qui avait fini fort le dernier Giro (7e du classement final).
"Je me sens très bien mais je préfère attendre le chrono pour faire le point", a ajouté le Néerlandais, déterminé à défendre chèrement sa peau sur les 10,8 kilomètres du contre-la-montre en côte de l'Alpe di Siusi. A une semaine exactement de la conclusion de Turin.