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Sacré nouveau "roi" de la vitesse, François Pervis est entré dimanche à Cali dans l'histoire des Mondiaux sur piste en réussissant un triplé inédit: décrocher les trois titres individuels du sprint.
"Je rentre dans la légende de mon sport et c'est super !", a répété le Mayennais aux micros des radios colombiennes qui n'ont eu de cesse de le solliciter. Il est vrai que la dimension de la performance et le sens du spectacle du Français, embrassant la piste en bois pour la remercier de lui avoir été si favorable, ont enthousiasmé le public colombien, "le meilleur du monde" pour le Lavallois.
Le continent américain a réussi une nouvelle fois à Pervis, auteur d'un sensationnel doublé en décembre au Mexique quand il avait battu les records du monde du 200 m lancé et du kilomètre départ arrêté. Mais, à Cali, il est entré dans une autre dimension, le temps de quatre jours d'euphorie.
Nul n'avait réalisé jusqu'à présent le grand chelem dans les épreuves individuelles du sprint (keirin, kilomètre, vitesse). Pas même le Britannique Chris Hoy ou le Français Arnaud Tournant , lequel avait gagné trois titres en 2001 (mais avec la vitesse par équipes au lieu du keirin). Deux références historiques pour Pervis qui, à 29 ans, possède déjà une longue expérience.
Depuis ses débuts en équipe de France en 2003, il a enduré les déceptions, surtout sa non-sélection aux JO-2012, avant de prendre son envol l'an passé. Son premier titre mondial en poche (km), il a décroché son premier podium en vitesse individuelle (3e). Puis il a franchi un cap supplémentaire durant les derniers mois.
- Quatre titres pour butin -
A Cali, le Français a pris sa revanche en demi-finale sur son bourreau de 2013, le Russe Denis Dmitriev . Il a dominé ensuite en finale le tenant du titre mondial, l'Allemand Stefan Bötticher, un sprinteur racé qui avait gardé un maximum de fraîcheur en faisant l'impasse sur les autres épreuves.
Dans les deux manches de la finale, Pervis a marqué sa supériorité. A l'exemple d'un tournoi limpide entamé par le meilleur temps des qualifications et conclu sans le moindre faux-pas.
"Bötticher a essayé de jouer avec mes nerfs mais ça n'a pas marché. Justement, il ne faut pas me le faire car ça m'énerve encore plus et un sprinteur énervé trouve des watts qu'il n'aurait jamais trouvé sans cela", a-t-il expliqué.
Au bout de son 13e sprint victorieux des Mondiaux, le natif de Château-Gontier a récolté une nouvelle médaille d'or, la quatrième pour une sélection française secouée par des dissensions mais aux bagages alourdis par son butin. Depuis le début des années 2000 et l'époque de la "Dream Team" (Rousseau, Gané, Tournant, etc...), les Bleus n'avaient pas fait aussi bien.
Le mérite en revient, pour l'essentiel, à Pervis qui a affirmé "prendre conscience encore plus de ses possibilités".
"OK, il n'y avait pas tout le monde et tous n'étaient pas dans une forme olympique", a-t-il déclaré en faisant allusion aux deux finalistes des JO de Londres, Grégory Baugé (absent) et le Britannique Jason Kenny qu'il a battu aisément en quart de finale.
"Mais, comme on dit, les absents ont tort. Je bats en finale le champion du monde en titre, je crois que ce n'est pas un titre à prendre au rabais", a-t-il dit dans un sourire.
Son ancien entraîneur Florian Rousseau , présent à Cali au titre de la mission de préparation olympique, ne s'y est pas trompé: "Il est encore au-dessus par rapport à l'an dernier. Il n'a pas été mis en difficulté durant le tournoi. Ce qu'il a fait, c'est... époustouflant !"