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Derrière l'intouchable Ted Ligety, Steve Missillier et Alexis Pinturault ont concrétisé en argent et en bronze olympique la belle force de frappe de l'équipe de France en slalom géant, mercredi aux Jeux de Sotchi.
Car dans cette discipline comme nulle autre, le ski alpin bleu fait face à un problème de riches, au point d'avoir dû laisser à la maison, Cyprien Richard, le vice-champion du monde 2011.
C'est Steve Missillier qui avait obtenu, début février, la quatrième et dernière place disponible au portillon de départ du géant. Aussi le skieur du Grand-Bornand pouvait en plaisanter: "Je ne pouvais guère faire mieux, ils ont bien fait de m'emmener..."
"Il a failli regarder cette course avec ses copains dans l'aire d'arrivée", a rappelé David Chastan, l'entraîneur du groupe technique français.
"On l'a poussé un petit peu au bout mais aujourd'hui il a la récompense de s'être bougé les fesses", a estimé Chastan, qui désespérait jusqu'alors qu'un garçon avec un si fort potentiel puisse pêcher autant côté mental.
Car Steve Missillier et Alexis Pinturault, c'est un peu le jour et la nuit dans l'état d'esprit.
Regard clair et sourire franc, Pinturault n'est pas jeune homme à se poser dix mille questions. Avant même cette première médaille de bronze olympique, le double champion du monde juniors de géant 2009 et 2011 était déjà perçu comme la plus belle promesse du ski bleu depuis les grandes années Killy.
-Dans l'ombre des leaders-
Réservé et discret, Missillier donnait l'impression de ne jamais croire en ses chances et de se complaire à rester dans l'ombre des leaders.
Ce jeune papa d'un bébé de deux mois avait l'habitude de signer une bonne manche, mais jamais deux, ce qui fut suffisant une fois pour monter sur le podium en Coupe du monde, en slalom en 2010 à Val d'Isère.
Frappé par la magie des Jeux comme d'autres avant lui cette quinzaine, Missillier est venu s'immiscer mercredi comme un intrus au sein du trio infernal du géant des deux derniers hivers: Ted Ligety, Alexis Pinturault, et l'Autrichien Marcel Hirscher, qui est resté bien penaud au pied du podium mercredi.
"Clairement, je suis l'invité surprise, a souligné Steve Missillier. Pour chambouler cette hiérarchie, il fallait faire une grosse course et je suis hyper fier de l'avoir fait le jour des Jeux".
Comme à son habitude, Ted Ligety avait survolé la première manche, creusant un gouffre entre lui et une meute de prétendants qui se tenaient bien serrés au chrono.
L'or promis ainsi à l'Américain, les places sur le podium devenaient chères. Missillier sortit une manche de feu à son tour sur le deuxième tracé pour s'installer aux commandes avant les neuf derniers à s'élancer.
Seul Ligety, qui disposait d'un capital de 1 sec 50 sur lui au terme du premier tracé, a pu le déloger des commandes, non sans avoir dilapidé une seconde au passage.
-'Une course incroyable'-
Double champion du monde et quadruple vainqueur de la Coupe du monde de géant, Ted Ligety a désormais tous les trophées possibles de la discipline dans sa collection.
"C'était une course vraiment incroyable pour moi, a souligné le Haut-Savoyard. Je ne me suis pas posé de question, je n'étais pas du tout favori. J'ai réussi un peu mieux à lâcher les skis en deuxième manche, ce qui m'a permis de casser ce trio qui trône sur les podiums assez régulièrement".
Après son entrée ratée en super-combiné vendredi, Pinturault était content d'avoir satisfait les espoirs placés en lui.
"J'ai eu peur un moment de finir à la quatrième place. Je me suis réjoui pour lui quand il était du podium et je me suis encore plus réjoui pour moi-même quand le doublé était assuré", a souligné le skieur de Courchevel.
Ce doublé sur le podium, déjà vu en 2002 en slalom aux Jeux de Salt Lake City avec l'or de Jean-Pierre Vidal et l'argent de Sébastien Amiez, soulage le ski alpin français, qui était revenu bredouille des Jeux de Vancouver en 2010.