Happy Birthday : |
Kevin Rolland a dû laisser à l'Américain David Wise l'honneur de devenir le premier champion olympique de ski half-pipe mais sa médaille de bronze l'a quand même fait entrer "dans la petite histoire".
Le sourire un peu triste du Savoyard après sa seconde manche, quand il a compris qu'il ne délogerait pas Wise de la première place ni le Canadien Mike Riddle de la deuxième, a d'abord révélé une petite pointe de déception.
Mais le sourire s'est vite élargi et le Français a pu savourer: "Franchement, je suis heureux, je suis content de faire partie de cette petite histoire. Il va falloir que je revienne dans quatre ans."
Compétiteur né, Rolland ne vivait que pour l'or olympique, lui le +Frenchy+ qui a su imposer sa loi aux Américains, chez eux, où a été inventé cet art de s'envoyer en l'air skis aux pieds.
Champion du monde 2009 et double vainqueur des X Games d'Aspen, il avait des ambitions légitimes mais il craignait plus que tout une mauvaise météo, qui nivelle les +riders+ en abîmant le +pipe+ et rend compliqué les doubles rotations, les figures qui font la différence. Et de ce côté, il a été servi avec des chutes de gros flocons de neige molle et humide.
"Dans ces conditions j'étais loin d'être un favori. Ce n'était pas gagné de monter sur le podium. J'improvisais pendant mes runs", a-t-il expliqué.
- 'Il faut que je kiffe' -
Loin de l'image caricaturale du glandeur fumeur de cigarettes qui font rire, autrefois véhiculée par son milieu, Rolland se shoote plutôt à un cocktail détonnant, mélangeant stress et plaisir.
"Pour être performant, il faut que je kiffe, dit-il. Quand je monte à six mètres de haut et que je repose à la perfection, ça procure des émotions super intenses et ça fait que je progresse."
Mais la boule au ventre est aussi son compagnon de chambre. Identifié avant Sotchi comme une possible médaille d'or pour la France, Rolland se trimballait non seulement la pression du résultat mais également le poids d'un sport en mal de reconnaissance.
"Je suis un grand stressé, avouait-il récemment. C'est bon signe pour moi, j'en ai besoin, c'est un moteur." Pour son entraîneur Grégory Guenet, +Mitch+ (son surnom) est "un mec qui va se faire 20 milliards de films mais qui, une fois sur les skis, devient une machine".
Le grand exploit du Français est en fait de savoir durer, de rester au sommet malgré les blessures et les années qui passent dans un sport où les +tricks+ (figures) se périment plus vite que des yaourts.
- 'Double cork 1260' -
"Tu peux être au top et ne pas te qualifier en finale l'année d'après car tu as chômé, assure-t-il. Il faut toujours voir quelle figure va plaire, trouver le détail qui va bien, le geste parfait."
En pionnier, il a ainsi été le premier à passer un "double cork 1260", devenu sa marque de fabrique mais qu'il n'a pas pu placer aux Jeux à cause du déluge de neige. En Français, ça donne: "Trois tours et demi en passant deux fois la tête en bas et en attrapant ton ski vers l'avant."
Une man?uvre qui ne s'apprend pas en bullant l'été au bord du lac d'Annecy mais qui exige des heures de travail, sur trampoline ou en "water jump", avant même d'arriver à le reproduire sur la neige dans un demi-tube aux parois de sept mètres de haut.
"Cela fait des années que je revendique qu'on est des athlètes, qu'on s'entraîne sérieusement, plaide le Français. Dans les yeux des gens, on était des tarés. On est tarés mais on s'entraîne!"