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La Française Coline Mattel pendant le concours de saut à skis dames des JO le 11 février 2014 dans la station de Rosa Khutor
A 18 ans, le poids plume Coline Mattel a trouvé le souffle nécessaire pour décrocher le bronze dans l'épreuve de saut à skis des JO de Sotchi, lors d'une première olympique dont la lauréate, l'Allemande Carina Vogt, restera à jamais dans l'histoire de son sport.
Mattel Sur la table de lecture de Coline Mattel, traînent pelle-mêle un livre sur la communication, un Stephen King pour le frisson, et des textes d'Euripide.
Bientôt viendra s'y poser la médaille de bronze décrochée à Sotchi, qui fait d'elle la première médaillée olympique française de l'histoire en saut à skis.
En dix mois, la vie de la native de Sallanches (Haute-Savoie) a décollé encore plus sûrement que ses skis.
L'été dernier d'abord, avec l'obtention de son bac scientifique avec mention très bien.
A la rentrée automnale ensuite, en intégrant l'université pour préparer à terme une licence en arts du spectacle.
"Je joue dans une troupe, on fait du comique, des reprises de sketches. Et j'ai envie de plus encore: je veux découvrir, jouer, faire du spectacle", explique la skieuse des Contamines-Montjoie, format de poche d'1,65 m pour 57 kg.
Personne alors n'aurait imaginé plus beau scénario que celui qui allait s'écrire, sorte de conte de fée classique dans lequel se serait invité le lièvre de La Fontaine, pour une fois parti à point.
Car la sauteuse au caractère bien trempé est une jeune femme pressée.
A 13 ans, déjà, Coline Mattel esquissait l'envol du saut à ski féminin français avec une 5e place aux Mondiaux-2009. Mieux, l'adolescente écrira l'histoire deux ans plus tard à Oslo en offrant à la France sa première médaille mondiale dans la discipline (3e).
"Quand j'étais petite, je ne rêvais pas de faire du saut à skis", raconte-t-elle pourtant.
- Montée de stress -
Mais on choisit parfois de se fier à son ressenti plutôt qu'à son intellect.
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L'Allemande Carina Vogt pleure de joie après son titre olympique au saut à skis le 11 février 2014 dans la station de Rosa Khutor
"En vol, la sensation est exceptionnelle. On ne peut pas dissocier ce qui s'y passe, c'est une question de fluidité et d'enchaînement. Il y a la vitesse et puis le fait de se sentir portée".
Il y a aussi l'attente qui précède le saut, la montée d'adrénaline qui ressemble furieusement à ce que la jeune femme travaille au théâtre.
"Avant de monter sur scène, j'ai le trac, je ressens un peu la même pression au saut à skis. Au moment où on se lâche sur la piste d'élan, ou quand on monte sur scène, on ne peut pas reculer. Il y a une même idée et les mêmes sensations", note-t-elle.
Cette montée de stress, Mattel a dû la dompter entre les deux sauts de sa finale. Deuxième après la première manche (99,5 m), elle a su assurer son style pour, malgré un saut un peu court (97,5 m), engranger les points nécessaires.
Un an auparavant lors des Mondiaux-2013, dans une situation similaire, elle avait craqué dans la seconde manche pour terminer, très vexée, à la 4e place.
Mardi soir, l'Autrichienne Daniela Iraschko-Stolz lui est bien passée devant, avec un monstrueux 104,5 m supérieur à la plupart des sauts des hommes sur le même tremplin.
Mais Coline Mattel pouvait tout de même exulter dès l'annonce de son résultat, qui la plaçait devant la grande favorite japonaise Sara Takanashi, quasi imbattable cet hiver mais finalement 4e.
Peu importe ensuite que Carina Vogt ait connu son jour de gloire, avec un titre olympique sans jamais avoir gagné d'épreuve de Coupe du monde.
La plume Mattel a du souffle, elle ne devrait pas se poser de si tôt.