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L'esprit olympique est parfois soumis à rude épreuve, comme vendredi à Séoul et Rome, où médias et opinions s'interrogeaient avec aigreur sur la médaille d'or attribuée en patinage artistique à la Russe Adelina Sotnikova.
Impossible il y a quelques jours de pronostiquer que la jeune fille, âgée de 17 ans et qui disputait ses premiers Jeux, écraserait ainsi la concurrence. Et le patinage est ainsi fait que le lapin est sorti du chapeau sur la base de notes forcément subjectives, donc propices aux commentaires sous toutes leurs formes.
La Corée du Sud s'est donc réveillée avec une solide gueule de bois, refusant d'accepter la médaille d'argent de la prodige Kim Yu-na, sextuple médaillée mondiale et tenante du titre, qui a annoncé la fin de sa carrière au terme de la compétition.
Dans les heures qui ont suivi, des centaines de milliers d'internautes ont pris d'assaut le site de pétition en ligne Change.org, demandant aux juges de revoir leurs notes. Jusqu'à faire sauter les serveurs du site.
"La pétition a enregistré plus de 700.000 signatures en seulement six heures et cela a multiplié par cinq le record du trafic sur notre site", a expliqué à l'AFP la porte-parole de Change.org, Charlotte Hill, ajoutant que la société californienne avait mobilisé une équipe d'ingénieurs pour maintenir en état les serveurs.
-'Camouflet russe'-
"Kim Yu-na pleure après le camouflet russe", titrait de son côté l'édition en ligne du Joongang Ilbo. "C'est un résultat injuste... L'arbitrage maison était attendu, mais nous ne nous attendions pas à ce qu'il prenne autant d'importance."
Sotnikova, qui n'avait jusque-là jamais fait mieux que 2e lors des Euro-2013 et 2014, s'était classé 9e aux Mondiaux de mars 2013. Mais la Russe a amélioré à Sotchi son meilleur score de la saison en faisant un bond incroyable de 18 points en un mois seulement (149,95).
Suspect? Assurément vu d'Italie, où la breloque en bronze de Carolina Kostner passait d'autant plus mal que les transalpins n'ont pour l'instant ramené aucune médaille d'or de Sotchi et estiment qu'il y a avait là, précisément, une occasion toute trouvée.
"Est-ce qu'on nous a refusé le premier or?", s'est interrogée la Gazzetta dello Sport. "Quand Carolina Kostner se réveillera ce matin elle se demandera si ce bronze (...) pouvait être quelque chose de plus. Elle se demandera, comme a fait toute l'Italie olympique hier (...) et probablement les 2 millions de téléspectateurs, si sa performance ne méritait pas l'argent ou l'or".
-'L'injustice habituelle'-
"Quand un juré annonce le +verdict+ à un athlète à domicile, ça commence à sentir le brûlé. Si on ajoute qu'à Sotchi (Kim Yu-na) et Kostner ont présenté l'exercice le plus esthétique, il est facile de parler de scandale."
"La grande émotion et l'injustice habituelle", titrait pour sa part le Corriere dello Sport qui relevait dans son éditorial que les JO laissaient "toujours quelques déçus, et parfois une odeur désagréable".
Tout aussi clair quoique plus elliptique, La Repubblica notait simplement: "Nuages orageux sur les juges."
Mais puisque chacun est dans son rôle, la presse russe se félicitait évidemment sans réserve de ce triomphe controversé dans le reste du monde. "La débutante de 17 ans a brillamment exécuté son programme libre et remporté l'or", jubilait le quotidien Sport-Express.
Le quotidien Kommersant soulignait que "Sotnikova (avait) accompli ce que d'autres patineurs n'avaient jamais réussi auparavant. Sa performance était presque sans faute".
Et la presse moscovite d'assurer que la faute de la championne olympique, qui a posé les deux pieds à la réception d'un saut, avait été largement compensée par la complexité de son programme. Une affaire subjective, donc.