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© AFP/Franck Fife
La judokate française Lucie Décosse tente une prise contre l'Allemande Kerstin Thiele en finale olympique des -70 kg, à Londres le 1er août 2012
A aucun moment de sa journée tant attendue, Lucie Décosse n'a été mise en difficulté par des adversaires incapables de trouver des failles dans son judo, couronné à Londres de la médaille d'or des - 70 kg, le premier titre olympique français de la discipline depuis Sydney en 2000.
"Je suis fière de moi. J'ai fait une super journée, je n'ai jamais été une seule fois en danger", déclarait une Décosse radieuse et bouleversée, au sortir du tapis. Je ne voulais pas me mettre trop la pression en me disant que c'était les JO".
Seule cette pression, en effet, à l'aube d'une revanche si longtemps mûrie depuis la déception d'une deuxième place à Pékin (en -63 kg), était capable d'anéantir la jeune femme. Pas une de ses rivales ne s'est montrée à sa hauteur. Les deux premières furent balayées sur ippon, y compris la championne du monde 2009, la Colombienne Yuri Alvear , renvoyée au vestiaire en dix secondes. Probablement un record.
En demi-finale, Décosse avait rendez-vous avec la Sud-Coréenne Hwang Ye-sul, 6e mondiale, qu'elle avait dominée lors de leurs trois confrontations. Sans être une formalité, le combat fut sans réel souci pour la Guyanaise qui pouvait aborder la finale avec sérénité. Son adversaire, l'Allemande Kerstin Thiele, modeste 24e mondiale, avait déjà rempli son contrat en éliminant coup sur coup deux favorites, la Néerlandaise Edith Bosch et la Chinoise Fei Chen. Ses larmes de joie après la demi-finale en témoignaient.
Sûre d'elle, elle qui longtemps pêcha par manque de confiance, la double championne du monde en titre attaquait la finale très concentrée face à une rivale tétanisée par l'enjeu et le souvenir de ses quatre échecs en autant de combats contre la Française. "Elle était cuite. Elle avait déjà tout mis pour arriver là", reconnaissait la gagnante.
Deux yukos et un waza-ari plus loin, Décosse s'écroulait sur le tatami, en larmes, puis se levait, les index dressés vers le ciel comme elle a pris l'habitude de le faire les jours de victoire.
"Je n'y croyais pas, je croyais qu'on était au Tournoi de Paris" -qu'elle a remporté sept fois, ndlr-, rigolait la jeune femme au comble du bonheur et du soulagement d'avoir justifié en quelques minutes de combats ses quatre années de travail et de sacrifices.
C'est son père, Gilles, et son entraîneur, Larbi Benboudaoud , ex-champion du monde, que Lucie est allée saluer en premier. Inonder plutôt, tant ses larmes étaient inarrêtables. Puis sa mère et ses soeurs qui lui avaient promis de ne pas pleurer.
"Je me suis tellement entraînée pour cela. J'avais tellement envie de ce titre" que peu importe la manière et l'adversité. L'histoire retiendra que Lucie Décosse a atteint son objectif suprême à cinq jours de ses 31 ans, refermant probablement le plus beau chapitre de sa carrière internationale.