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© AFP/Johannes Eisele
La Française Audrey Tcheuméo pleure de joie après avoir remporté la médaille de bronze des -78 kg du tournoi olympique, le 2 août 2012
Audrey Tcheuméo a quitté en larmes les jeux Olympiques, "dégoûtée" de s'être laissée surprendre jeudi en demi-finales, pas même consolée par une médaille de bronze bien pâle à ses yeux, la cinquième à Londres du judo tricolore, enfin doré la veille grâce à Lucie Décosse.
Le contraste est saisissant. Lauréate du match pour l'une des deux troisièmes places en-78kg, Mayra Aiguar, N.1 mondiale, parade tout sourire dans les allées de la salle ExCel, couverte du drapeau brésilien. Quelques minutes plus tôt, Tcheuméo, victorieuse sur un ippon rageur de l'autre combat pour le bronze, s'est effondrée sur le tapis, le regard incrédule planté dans celui de son entraîneur, secouant la tête en signe de dénégation.
La championne du monde en titre n'a pas digéré sa défaite en demi-finale, elle qui, un brin fanfaronne, était venue à Londres pour "les (ses adversaires) mettre toutes sur la tête".
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La judoka française Audrey Tcheumeo, médaille de bronze en - 78 kg, regarde tristement son bouquet le 2 août 2012 aux JO de Londres
Elle avait pourtant fort bien commencé. Un peu à la manière de Lucie Décosse, la veille, Tcheuméo avait enchaîné les combats sans difficulté majeure. La modeste Canadienne Amy Cotton pour se mettre en route, puis un ippon en 30 secondes sur la vice-championne du monde 2009 ukrainienne Marina Pryshchepa, enfin une promenade face à la tenante du titre chinoise Yang Xiuli.
A 22 ans, pour ses premiers JO, le bulldozer "Tchoumi" abordait sa demi-finale olympique en pleine confiance. Tout comme son adversaire Gemma Gibbons, une Britannique au palmarès immaculé, montée de la catégorie inférieure pour se faire une place dans l'équipe hôte, et auteur d'un début de journée fracassant.
"Rendez-vous à Rio"
Après cinq minutes d'un combat acharné, ponctué des coups de gueule de Cathy Fleury, la coach tricolore, -"Réveille-toi", "Va la chercher pour ta famille", le match se poursuivait au golden score et tournait à l'avantage de Gibbons, finalement auteur d'un ippon.
"C'est vrai que c'est une belle médaille mais ce n'est pas celle que je voulais", sanglotait Tcheuméo après son ultime ippon sur la Hongroise Abigael Joo pour le bronze. "Je suis dégoûtée. J'étais bien toute la journée et en demi, je ne sais pas ce qui s'est passé. Elle jouait à domicile et voilà".
Pour ajouter à ses regrets, le parcours de Gibbons s'achèvera en finale, face à la championne du monde 2010, l'Américaine Kayla Harrison , victorieuse du premier titre olympique du judo américain.
"Oui, elle pouvait faire mieux mais ce sont les Jeux, avec leur magie leurs déceptions. Elle se rendra compte dans quelques temps qu'elle a quand même une médaille et qu'il lui faut encore travailler", relativisait Cathy Fleury, première Française à décrocher l'or olympique, en 1992.
En coulisses, consolée par le boxeur Brahim Asloum , venue l'encourager, Audrey, entre deux larmes, donnait "rendez-vous à Rio". Avant les JO-2016, c'est là qu'auront aussi lieu les Mondiaux l'an prochain. Et la jeune femme pressée qui rêve depuis son enfance de devenir "championne", peu importe de quoi, devra encore y faire ses preuves.