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© AFP/Thomas Coex
Le gymnaste français Hamilton Sabot
en finale du concours des barres parallèles des jeux Olympiques de Londres, le 7 août 2012.
Tombé dans la gymnastique par pure jalousie enfantine, Hamilton Sabot est devenu dix-huit ans plus tard le premier Français à apposer son élégante griffe sur les barres parallèles aux Jeux Olympiques, en prenant la médaille de bronze mardi à Londres.
Sur sa poitrine, il porte les anneaux olympiques, qu'il s'était fait tatouer après avoir décroché son billet pour Pékin en 2008. En Chine, l'euphorie gagne la gymnastique française avec le bronze inattendu de Benoît Caranobe au concours général et l'argent de Thomas Bouhail au saut.
"Quand on voit les copains avec des médailles, cela donne envie d'être à leur place. Moi j'ai toujours eu cela dans la tête", a raconté Hamilton Sabot . "Comme Benoît, j'étais l'outsider, celui que personne n'attend. Je ne l'ai pas volée cette médaille ! Comme tout peut arriver dans une finale olympique, voilà c'est la mienne et c'est génial !", a poursuivi le Français, aux anges.
Car l'étudiant en kinésithérapie, âgé de 25 ans, avait bien failli passer à la trappe en qualifications. Alors que d'ordinaire seuls les huit premiers par agrès reviennent dans la chasse aux médailles, il partageait la huitième meilleure note avec un Chinois.
Miraculé
Ce n'est que le lendemain matin qu'un officiel lui confirma que tous deux auraient le droit de concourir en finale, faute d'avoir pu les départager sur les notes d'exécution et de difficultés.
Comme un miraculé qui n'a plus rien à perdre, il a joué sa chance sachant bien qu'il n'effrayait personne avec pour palmarès aux barres une seule médaille de bronze européenne en 2010.
Jouant de sa silhouette longiligne qui lui donne une classe naturelle, le Français a su charmer les juges avec un mouvement propre jusqu'à la pointe des pieds (15,566 pts). Et si le Chinois Feng Zhe, le champion du monde 2010 (15,966), et l'Allemand l'Allemand Marcel Nguyen (15,800 pt), double champion d'Europe, étaient une gamme au-dessus, les autres prétendants n'ont pas réussi à le déloger du trio de tête.
© AFP/Thomas Coex
Le Français Hamilton Sabot
(d) sur le le podium du concours olympique des barres parallèles, avec le Chinois Feng Zhe (c) et l'Allemand Marcel Nguyen
(g), le 7 août 2012, aux JO de Londres.
"Il est rentré par la toute petite porte, c'est souvent mieux comme cela. Aux Jeux, il y a toujours une petite surprise et pour une fois, les choses ont tourné en notre faveur", a souligné Laurent Guelzec, l'entraîneur de l'équipe de France masculine.
Après le lot de blessures qui a décimé le collectif avant les Jeux, cette médaille de bronze in extremis arrive comme un bonbon doux pour la gymnastique française.
Elégance et nonchalance
"Sa force, c'est sa plastique, son style", selon Laurent Guelzec. Cette élégance qui avait été perçue très vite par son premier entraîneur Philippe Carmona, qui lui a fait intégrer son club d'Antibes à sept ans.
"Il cherchait des petits gymnastes qui n'avaient peur de rien. Il avait demandé à un de mes meilleurs copains de classe s'il voulait faire de la gym. Et par jalousie, je me suis défoncé à l'entraînement suivant pour qu'on me remarque aussi. Pourtant, moi et la gym, pouafff ! Je n'avais pas vraiment envie de faire cela", a raconté Hamilton Sabot .
A son arrivée à l'Insep à 18 ans, il passe surtout pour un excellent généraliste, mais sa nonchalance déroute: "On me dit un peu trop souvent: c'est dommage que tu ne bosses pas à un peu plus, tu pourrais faire de belles choses !"
Laurent Guelzec le confirme: "avec ses qualités, il aurait pu être très fort au concours général. A notre regret, il n'a jamais voulu s'y investir complètement parce qu'il n'est pas très ambitieux".