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© AFP/Kirill Kudryavtsev
Le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen lors de l'épreuve de sprint des JO de Sotchi, le 8 février 2014
Le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, devenu samedi l'athlète le plus médaillé de l'histoire des jeux Olympiques d'hiver à égalité avec Björn Daehli, a entretenu ses rêves de grandeur comme son patrimoine physique en étant toujours à la pointe, pour encore et toujours défier le temps à 40 ans passés.
C'est l'histoire d'un athlète qui a fait entrer son sport dans une autre époque. Comme Merckx en cyclisme, Bjoerndalen est "Le Cannibale", celui qui dévore tous les trophées qui se présentent sous ses spatules.
Aux côtés de ses 94 succès accumulés en Coupe du monde depuis son premier en 1995-1996, de ses 19 titres mondiaux et de ses six grands globes de cristal, le Norvégien vient donc d'ajouter une 12e breloque olympique (7 or, 4 argent 1 bronze) grâce au sprint.
Avec une victoire magistrale de surcroît, grâce à un ski de fond sans égal malgré les années qui passent.
Le voici donc sur le même piédestal que son compatriote Björn Daehlie, le plus grand fondeur de tous les temps avec ses douze médailles, dont huit en or, entre 1992 et 1998.
Encore une --ce qui est tout à fait envisageable avec le relais par exemple-- et Bjoerndalen sera seul à piquer son drapeau au sommet des légendes.
Dernière saison
De quoi réjouir "le Patriarche du biathlon", pour qui Sotchi sera synonyme de bout de piste, puisqu'il a annoncé l'été dernier que 2013-2014 serait sa dernière saison.
C'est à son extrême professionnalisme que le meilleur biathlète de l'histoire doit sa longévité. Il a été le premier à s'imposer des charges de travail hallucinantes à l'entraînement, au rythme de 900 à 1000 heures par an depuis l'âge de 15 ans.
© AFP/Alberto Pizzoli
Le biathlète norvégien Ole Einar Bjoerndalen, vainqueur du sprint aux JO de Sotchi, lors de la cérémonie du podium, le 8 février 2014
Un professionnalisme qui a d'ailleurs pavé le chemin de ses successeurs.
"Il ne fait aucun doute que son départ va laisser un immense vide, c'est l'homme qui a tout fait pour le biathlon en Norvège. C'est grâce à lui si nous sommes là aujourd'hui avec de telles structures. C'est une légende qui va s'en aller et nous sommes forcément un peu triste", reconnaît son successeur Emil Hegle Svendsen, qui n'a pourtant pas toujours été tendre avec Bjoerndalen.
"Le Patriarche du biathlon" fut le premier à s'adjoindre un entraîneur de tir personnel, un préparateur mental ou encore à signer des contrats d'exclusivité pour l'utilisation de farts pour ses skis de fond.
Il s'est servi de la concurrence, comme d'un aiguillon pour lui permettre de se renouveler sans cesse, au point par exemple de modifier sa façon de tirer avant les Jeux de Vancouver en 2010, à 36 ans !
Bientôt le CIO ?
Comme un panorama des vingt dernières années de ce sport, Bjoerndalen a souvent dû en découdre avec les Français - Raphaël Poirée, Vincent Defrasne, Martin Fourcade - tout en essayant de mater les générations montantes d'une nation norvégienne jamais à court de talents (Emil Hegle Svendsen, Tarjei Boe).
"Je regrette de ne pas l'avoir vu évoluer dans sa pratique", note Poirée. "D'année en année, normalement on a d'autres attraits, des enfants... Lui on a l'impression qu'il fait les mêmes choses depuis qu'il a commencé", argumente le Français, à la retraite en 2007 mais qui tient à souligner la dualité du personnage: "Sur le circuit, il se préserve énormément, on n'arrive pas à faire ressortir grand chose de lui humainement parlant. Mais en dehors (des courses), c'est un gamin, on a fait des grosses conneries", se remémore Poirée en souriant.
Les dix années (1997-2007) de féroce adversité Bjoerndalen-Poirée ont permis à la discipline de décoller médiatiquement.
Alors que son énorme travail à l'entraînement ne sera bientôt plus qu'un souvenir, il reste désormais au Norvégien à trouver sa voie hors des pistes.
Probablement au CIO, où le biathlète, très apprécié de ses pairs grâce à son humilité, aimerait faire son entrée.