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© AFP/Eric Feferberg
Le Jamaïcain Usain Bolt
(g), lors des séries du 100 m, le 4 août 2012 aux JO de Londres
Le choc sur 100 m entre le Jamaïcain Usain Bolt , triple champion olympique 2008, et son jeune compatriote Yohan Blake , également partenaire d'entraînement, est attendu comme le méga-événement planétaire des jeux Olympiques de Londres, avec la finale dimanche soir (20h50 GMT).
Depuis la démonstration époustouflante des Jeux de Pékin, où il avait aussi battu trois records du monde à 21 ans, affichant une domination insolente dans les épreuves individuelles (100/200 m), Bolt est une icône.
On l'attend autant pour ses prestations chronométriques que pour son cérémonial d'avant-course, un spectacle à lui tout seul. Le rituel est bien huilé: les bras dessinent l'éclair, les mains "brossent" la tête rasée court et le visage. Quand, enfin l'idole a pris place dans les starting-blocks, il y a ce signe de croix avec l'index droit pointé vers le ciel.
Bolt a finalement amplifié le "show", remodelé à sa personnalité, que les sprinters US avaient mis au point. Dans un monde où le spectacle est roi, cela a son importance médiatique.
Blake, 22 ans, n'a pas cette facilité à communiquer et à se mettre en scène. Et le contraste est évidemment vendeur, autant que les différences morphologiques qui avantagent l'aîné du haut de son 1,93 m, contre 1,80 m tout en muscles pour Blake.
KO
Il y a d'ailleurs du KO dans l'air, sur le style du match du siècle entre les poids lourds américains Mohamed Ali et George Foreman , le 30 octobre 1974 à Kinshasa.
© AFP/Franck Fife
Le Jamaïcain Johan Blake (d), lors des séries du 100 m, le 4 août 2012 aux JO de Londres
L'opinion publique, des entraîneurs confirmés aux spectateurs, s'est rangée à une forte majorité pour Bolt +La Foudre+. Pour beaucoup, il est toujours le roi légitime, détenteur du record du monde (9.58) depuis le titre mondial de Berlin en 2009.
Une amnésie: le roi s'est fait éliminer pour faux départ en finale des Mondiaux-2011 à Daegu (Corée du Sud), où Blake n'a pas été un vainqueur quelconque.
Face à un vent de 1,4 m/s et sur piste moyennement rapide, le plus jeune champion du monde de l'histoire avait signé un éloquent 9 sec 92, reléguant son second, l'Américain Walter Dix , à 16/100e.
Depuis, l'élève, surnommé +La Bête+ eu égard aux charges de travail encaissées à l'entraînement, a légitimé sa couronne mondiale en dominant le maître il y a cinq semaines lors des sélections nationales à Kingston. Déjà en finale du 100 m, avec la meilleure prestation mondiale de la saison (9.75). Puis en finale 200 m.
Problèmes de dos
Ces accrocs ont confirmé que, s'il reste grand, Usain Bolt n'est plus sur le nuage de 2008 et 2009, miné par des problèmes au dos et une fragilité mentale au départ.
Longtemps la question fut: avec quelle avance va-t-il gagner? A Londres, c'est: va-t-il gagner? Bolt est redevenu un humain.
Ordre d'écurie de l'entraîneur Glen Mills, qui veut ménager les intérêts financiers en jeu, les deux compère ont fait comme si rien ne s'était passé fin juin sur la piste bleue du stade national de Kingston.
L'Américain Maurice Greene , qui s'y connaît puisque champion olympique du 100 m en 2000 à Sydney, y est allé de son pronostic, moins consensuel. "Je crois qu'il (Bolt) ne va être pas mal. Il va y aller et fera ce qu'il fait d'habitude... Mais Blake va l'emporter", a assuré Greene, qui aimait aussi faire le show.
A l'assurance affichée par Bolt à son arrivée dans la capitale britannique, Blake a répondu que "le ciel" était "ma seule limite".
Le 100 m ne sera pas une fin. Une revanche sera accordée sur la distance du 200 m. Et si les deux se partageaient la mise, avant de s'unir pour une médaille en commun dans le relais du tour de piste?