Happy Birthday : |
© AFP/Fabrice Coffrini
Le marcheur Yohann Diniz
pendant les JO de Pékin, le 22 août 2008
Yohann Diniz , double champion d'Europe (2006/2010) du 50 km marche, en course pour une médaille à Londres samedi, aborde l'épreuve avec le sentiment que "tout est au vert" et que "quelque chose lui tend les bras".
"Chez moi, c'est tout l'un ou tout l'autre. Si c'est du bon Yohann Diniz samedi, il y aura une médaille au bout", estime le Champenois, qui avait abandonné il y a quatre ans à Pékin.
Q: Etes-vous satisfait de l'approche?
R: "Tout est au vert. Je voulais arriver le plus tard possible pour être le plus relâché possible. J'ai fait un bon 20 km en début de saison (le 18 mars à Lugano, avec record de France en 1h 17:43.). J'arrive avec un gros physique. Ma préparation s'est déroulée sur plusieurs phases, avec la phase d'affûtage au Touquet où j'ai fait un test sur 40 km il y a 13 jours. A cause d'une allergie, j'avais dû redescendre de Font-Romeu en juillet."
Q: L'objectif, ça ne peut être que le podium...
R: "Mon objectif? Faire une course aboutie, complète, concentrée. Chez moi, c'est tout l'un ou tout l'autre. Si c'est du bon Yohann Diniz samedi, il y aura une médaille au bout. Il faut seulement que je fasse ce que je fais tous les matins à l'entraînement."
Q: Serait-ce une manière d'effacer le souvenir douloureux de Pékin?
R: "J'ai voulu aborder ça sereinement. Je ne me mets ni pression ni stress. A Pékin, j'étais pas là. J'étais spectateur de ma course. L'an dernier, aux Mondiaux à Daegu (disqualifié au 16e km après un 3e carton rouge pour marche irrégulière alors qu'il était en tête, NDLR), je n'ai pas compris. Je me dis que c'est dommage d'avoir un tel potentiel et de ne pas le transformer en médaille, comme en 2007 à Osaka (2e des Mondiaux, NDLR). Il y a quelque chose quand même qui me tend les bras. Il ne faut pas laisser passer cette nouvelle occasion, même si j'ai dit que je continuerais jusqu'à Rio-2016."
Q: On vous sent apaisé...
R: "C'est la première année que je prends tellement de plaisir. Je faisais des sorties de 40 km et je finissais comme si j'avais fait 15 km. J'ai exploré de nouvelles limites. Ce qui me plaît dans la marche, c'est de la course sans courir, maîtriser le geste avec l'impression de caresser le sol tout en mettant une certaine vitesse. C'est solitaire, on peut s'échapper, réfléchir, débrancher son cerveau."
Q: Le mental, justement?
R: "La tête, ça va. C'est rarement mon physique qui m'a posé problème. Sauf aux Mondiaux de Berlin, en 2009, où j'avait été mal. J'avais vomi plusieurs fois, mais j'avais tenu à finir (12e, NDLR). Il faut essayer de ne pas trop penser pendant la course. Tu programmes ton disque dur avec des informations dedans, mais sur les adversaires, les mesures à prendre. Par exemple, que se passe-t-il si j'ai mal au ventre? A Daegu, j'aurais dû écouter mon entraîneur (Pascal Chirat), qui a du recul. Je serais peut-être rentré dans le rang au lieu de continuer à m'exposer devant".
Q: Serez-vous plus mesuré samedi?
R: "J'ai une qualité, celle de finir vite. Le but, c'est d'être le plus frais possible jusqu'au 40e km. Pourquoi ne pas porter l'estocade au 40e km? Ma stratégie, ce sera de laisser faire. C'est la leçon de Daegu. Je sais ce que je fais à l'entraînement. J'ai des armes."
Propos recueillis en conférence de presse