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Un seul drapeau bleu-blanc-rouge tenu par trois Français sur un podium olympique: Jean-Frédéric Chapuis, Arnaud Bovolenta et Jonathan Midol ont écrit l'histoire, dans cet ordre, jeudi lors de l'épreuve de skicross des Jeux de Sotchi.
En 90 ans d'existence des jeux Olympiques d'hiver, la France n'avait jamais réussi un tel triplé, quel que soit le sport.
Pour couronner le tout, ces trois médailles tombées du ciel bleu azur du Parc Extrême de Rosa Khoutor ont poussé la France à un nombre de médailles encore jamais atteint aux Jeux d'hiver (14).
Brady Leman a dû se sentir bien seul au départ d'une finale à quatre aux airs de Championnats de France. Entouré des trois Tricolores, le Canadien s'est battu pour exister mais les Bleus l'ont étouffé et poussé à l'erreur lors d'une course propre, que Chapuis -le champion du monde en titre- a logiquement dominée comme il avait dominé ses précédents "runs" sur le même parcours où le Français Pierre Vaultier avait décroché mardi le titre olympique du snowboardcross.
"C'est comme dans un rêve. Dommage qu'il n'y ait pas une épreuve par équipes, ça nous irait bien", a réagi Chapuis.
A 24 ans, il est le deuxième champion olympique de cette discipline jeune, qui consiste à dévaler par groupe de quatre une piste de 1250 mètres jalonnée de tremplins et de vagues, sur laquelle les sorties de piste et les vols planés sont monnaie courante.
"C'est magique, on ne réalise pas", a dit Jonathan Midol avant de sourire: "Non, en fait c'est comme d'habitude, vu qu'on est toujours ensemble. C'est comme un bon moment entre potes."
Pour Bovolenta, "le meilleur scénario possible s'est produit: la finale s'est déroulée à la perfection."
- 'On a tout pris' -
Quand les trois mousquetaires français ont chacun passé la ligne d'arrivée, dans le grand +clac+ de leurs skis sur la neige dure à la réception du dernier saut, ils se sont tombés dans les bras. Le clan bleu a alors chaviré.
Les yeux écarquillés devant l'énormité de l'évènement, les entraîneurs ont exulté. "Il n' y a plus de place sur le podium, on a tout pris", hurlait l'un d'eux, Xavi er Kuhn, pendant qu'une spectatrice entonnait La Marseillaise au micro du stade.
De grosses larmes ont alors commencé à couler sur les joues bronzées de l'entraîneur en chef des Bleus Michel Lucatelli, chaudement félicité par le président de la Fédération française de ski Michel Vion et le DTN Fabien Saguez. "C'était inimaginable mais ils l'ont fait, a-t-il dit, ému. Ils le méritaient tous les quatre."
Car, comme il se doit, les trois mousquetaires sont en fait quatre. Seul tricolore à ne pas accéder à la finale, Jonas Devouassoux est aussi le seul à avoir gagné une épreuve de Coupe du monde cette saison, signe de la densité de cette patrouille de France version ski.
- Mise au vert en Turquie -
Dans cette discipline éminemment aléatoire, comme l'a prouvé l'élimination dès les 8e de finale de plusieurs favoris comme le Canadien Chris DelBosco et le Tchèque Thomas Kraus, voir trois skieurs de la même nation sur le podium est une performance rare.
"On a rien laissé au hasard, je ne crois ni à ça ni à la chance", a pourtant assuré Michel Lucatelli, qui a emmené ses gars -qu'il est allé chercher dans les rangs du ski alpin après les JO-2010 pour en faire un commando en vue de Sotchi- se mettre au vert en Turquie après la cérémonie d'ouverture pour s'isoler. Une stratégie qui a triplement payé.
Les Bleus n'ont pas eu besoin de faire une course d'équipe et de +s'occuper+ du cas de Leman pour assurer les médailles. Sûrs de leur force, ils se sont imposés à la régulière. "Cela aurait été exactement la même course s'ils avaient été de trois nations différentes", a admis Leman.
Ce triplé va peut-être inspirer les trois Françaises au départ de l'épreuve dames vendredi et notamment Ophélie David, 37 ans et pionnière de ce sport, qui peut clôturer en beauté une riche carrière.