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© AFP/Saeed Khan
L'athlète sud-soudanais Guor Marial en conférence de presse, le 10 août 2012 aux JO de Londres
Enfant, Guor Marial courait pour sauver sa peau. Dimanche, ce réfugié sud-soudanais participera au marathon des JO de Londres sous les couleurs du drapeau olympique, et sa famille restée au pays marchera 50 km pour suivre sa course sur le poste de télévision le plus proche.
"Chez moi, on courait pour fuir le danger", se rappelle le marathonien de 28 ans. Une fois réfugié aux Etats-Unis, à partir de 2001, "quand un prof m'a dit de courir, il a mis deux mois à me convaincre". Aujourd'hui, il ne peut plus passer un seul jour sans s'entraîner.
"Les JO sont le rêve de n'importe quel athlète. Dans mon cas, je souhaite saisir cette occasion pour sensibiliser à la cause des réfugiés dans le monde et à la cause du peuple du Soudan du Sud", poursuit Guor dans un anglais teinté d'un léger accent américain.
Le jeune homme, qui ne possède aucun passeport, explique s'être vu offrir de la part de Khartoum de courir sous le drapeau soudanais, mais il a décliné la proposition.
Son pays, c'est le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011 après un conflit meurtrier avec le régime de Khartoum, où Guor a perdu 28 proches.
Mais faute de disposer d'un comité olympique national, les athlètes du Soudan du Sud n'ont pas été autorisés à venir à Londres sous leurs couleurs. Le Comité international olympique (CIO) les a plongés dans la consternation en leur suggérant de revêtir le maillot soudanais.
Finalement, une semaine seulement avant les JO, Guor a appris qu'il était autorisé à participer sous le drapeau olympique, en tant qu'apatride. Un statut rare.
© AFP/Andrew Cowie
L'athlète sud-soudanais Guor Marial répond à la presse à son arrivée à l'aéroport d'Heathrow à Londres, le 3 août 2012
Dimanche, ses proches qu'il n'a pas vus depuis 1993 suivront fièrement sa course à la télévision, après avoir marché eux aussi l'équivalent d'un marathon bien tassé.
"En ce moment, dans le Sud du Soudan, c'est la saison des pluies. Il n'y a pas de vraies routes, les véhicules ne passent pas, donc ils marcheront jusqu'à la ville la plus proche" située à une cinquantaine de kilomètres et qui dispose d'un poste de télévision, raconte Guor.
Faire rêver le Soudan du Sud
"Je veux juste dire que je les aime tellement. Je suis ici pour eux", poursuit-il d'une voix posée lors d'une conférence de presse au parc olympique. "J'espère que la jeune génération du Soudan du Sud me verra et qu'elle aura de grandes ambitions pour l'avenir. Elle se dira +On peut aussi aussi participer aux JO+."
Guor s'entraîne seul à Flagstaff, en Arizona, où il habite et travaillait encore récemment de nuit dans une structure psychiatrique. Son meilleur temps au marathon est 2 h 12 min 55 sec, soit neuf minutes derrière le record du monde.
Sur le papier, Guor n'a aucune chance de médaille. Mais "tant de choses incroyables lui sont arrivées récemment, alors qui sait ?", se met à rêver Brad Poore, un ami et "frère" qui s'est battu pour que Guor participe aux JO.
Le Sud-Soudanais dispose de deux paires de chaussures de course seulement, une pour s'entraîner et une pour courir. Mais pour le marathon dimanche, le CIO lui a fourni un nouvel équipement avec un dossard "IOA", pour athlète olympique indépendant.
"Courir sous le drapeau olympique est un sentiment magnifique. Peu de gens ont cette chance. Représenter les cinq anneaux, c'est le top. Donc je représente le monde."