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Le géant indien vit des Jeux de Sotchi calamiteux, comme à tous les JO, été comme hiver, dans l'ombre des scandales et dans une certaine indifférence.
"L'Inde est tellement habituée à des échecs olympiques que plus rien ne surprend personne", explique Aslam Sher Khan, médaillé de bronze avec l'équipe de hockey sur gazon aux Jeux de Munich en 1972.
Selon lui, il règne une certaine indifférence par rapport aux Jeux dans un pays qui se passionne plus pour le hockey sur gazon, et le cricket, dont les Indiens sont champions du monde. "Pas de pleurs ni d'encouragements", résume-t-il.
Pourtant, humiliation supplémentaire, au-delà des résultats comme d'habitude médiocres, la fierté nationale a été cette fois mise à mal. Les trois athlètes présents à Sotchi ont été contraints de défiler derrière la bannière olympique lors de la cérémonie d'ouverture, en raison de la suspension du comité olympique indien (IOA), sur fond de corruption.
L'Inde a finalement été réintégrée par le CIO juste après le début des Jeux et le drapeau indien flotte désormais dans le Parc olympique.
Mais cela ne suffira pas à redonner le sourire à la petite délégation à Sotchi où seuls trois Indiens, Nadeem Iqbal (ski de fond), Shiva Keshavan (luge) et Himanshu Thakur (ski alpin), participent aux compétitions.
Iqbal a terminé 85e (sur 87) du 15 km classique, tandis que Keshavan s'est classé 37e (sur 39) pour ses cinquièmes Jeux sur une luge. Mercredi, ce sera au skieur alpin Thakur d'entrer en scène en slalom géant mais sans la moindre chance de briller.
L'Inde n'a jamais décroché de médaille aux Jeux d'hiver et dispose, en tout et pour tout, d'une seule médaille d'or individuelle dans son armoire olympique grâce à Abhinav Bindra, champion de la carabine à 10 m à Pékin en 2008. Le hockey sur gazon a lui connu du succès avec cinq titres olympiques, mais n'a plus gagné l'or, ni de médaille, depuis 1980.
Un palmarès bien maigre pour un pays de plus d'un milliard d'habitants, dont dix des 28 Etats sont au moins bordés par l'Himalaya.
- 'Pas de pénurie de talents' -
Le mouvement sportif indien s'est perdu depuis longtemps dans les luttes intestines et les affaires.
"Les officiels en Inde ont la peau dure. Les athlètes sont les dernières personnes qui les préoccupent. Tous ces corrompus sont uniquement intéressés par la défense de leur pré carré", accuse Rahul Mehra, un avocat qui collabore avec le lobby Clean Sports India (Sports propres en Inde).
Le CIO avait suspendu le Comité olympique indien (IOA) le 5 décembre 2012 en raison de différentes ingérences gouvernementales dans les affaires sportives et des problèmes de gouvernance sur fond de corruption, lors de l'organisation des Jeux du Commonwealth en 2010 à New Delhi.
En Inde, les fédérations sportives sont des Etats dans l'Etat et beaucoup de ces fédérations refusent que le gouvernement indien vienne demander des comptes malgré les résultats médiocres. Mais selon Aslam Sher Khan, les dirigeants politiques indiens ont abandonné bien trop rapidement: le succès sportif a besoin d'une "volonté politique".
"Il n'y a pas de pénurie de talents en Inde. Ils ont juste besoin d'encouragements. Avec le soutien approprié, nous pouvons changer la face du sport indien", estime l'ancien hockeyeur vedette.
Petite consolation, après la réintégration de l'Inde par le CIO, les compétiteurs indiens peuvent désormais concourir sous leurs couleurs et ils pourront défiler derrière le drapeau indien à la cérémonie de clôture.
"Ce changement est symbolique, estime Rahul Mehra. Mais maintenant nous avons besoin d'un vrai changement."