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L'Euro de foot en France plombé par les craintes d'attentat, les JO de Rio assombris par la crise au Brésil: des risques géopolitiques planent sur ces événements sportifs planétaires, comme sur le Mondial-78 argentin ou les Jeux de Moscou avant eux, mais la conjonction des deux la même année est inédite, soulignent les experts.
A trois mois de l'ouverture des JO de Rio (5-21 août), l'incertitude politique au Brésil liée à la procédure de destitution engagée contre la présidente Dilma Rousseff s'ajoute à une situation économique précaire. L'épidémie du virus Zika, elle, est "clairement en régression", a annoncé lundi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
En France, à six semaines du coup d'envoi de l'Euro (10 juin-10 juillet), le gouvernement a décidé de prolonger de deux mois supplémentaires l'état d'urgence en vigueur depuis les attentats du 13 novembre.
"Au-delà de la crainte de voir ces risques se matérialiser, ces situations peuvent anéantir le facteur +feel good+ (ndlr: le bien-être, l'ambiance positive pour le public) habituellement associé à ces grands événements sportifs", estime Jean-Loup Chappellet, professeur à l'Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) de Lausanne, spécialiste du mouvement olympique.
"Les JO de Rio doivent faire face à un nombre de problèmes que personne n'aurait pu imaginer. Mais toutes les mesures de sécurité ont été prises et de nombreux défis anticipés", assure cet ancien responsable du Comité international olympique (CIO).
- 'Pari osé' -
Cet habitué des Jeux rappelle toutefois que "le mouvement olympique a déjà dû faire face à des crises": "le terrorisme n'est pas une menace nouvelle, il faut se souvenir de Munich en 1972", quand des preneurs d'otages palestiniens avaient abattu des athlètes israéliens.
"La conjonction de problèmes sanitaire, économique et terroriste donne une perspective nouvelle aux événements sportifs de cet été", estime pour sa part Nathalie Zimmermann-Nenon, directrice de la division sports au sein de Kantar Media, société de conseil et études de marché.
Le risque politique "était déjà prégnant lors de la Coupe du monde de football en 2014, et c'était sans doute un pari très osé de donner au Brésil deux événements d'ampleur planétaire à organiser en l'espace de sept ans" (ndlr: depuis 2009), ajoute cette ancienne consultante pour les candidatures olympiques françaises. "Aucun pays dit développé n'a jamais eu ce tour de force à gérer", rappelle-t-elle.
"Mais je ne pense pas qu'on puisse comparer les risques actuels pour les Jeux de Rio ou l'Euro-2016 avec la tension du régime argentin en 1978 ou avec les effets de la guerre froide pour les boycotts des Jeux" de Moscou en 1980 puis de Los Angeles en 1984, nuance-t-elle.
Dans les circonstances géopolitiques actuelles, "les risques en termes de sécurité se sont accrus et ils concernent davantage l'Euro de foot", analyse de son côté un ancien haut responsable de la Fifa, selon qui "la seule façon de prévenir un drame est de prendre des mesures de sécurité drastiques".
- 'Pays stable' -
A la lumière des difficultés rencontrées par le Brésil dans la préparation des Jeux de Rio, le CIO pourrait être tenté, selon des sources concordantes, de ne prendre aucun risque dans l'attribution des JO-2024 pour lesquels quatre villes sont en compétition, Budapest, Los Angeles, Paris et Rome.
Des considérations qui ont d'ailleurs pu déjà entrer en jeu lorsque le CIO a attribué en août dernier les JO d'hiver 2022 à Pékin plutôt qu'à Almaty (Kazakhstan).
"On est aujourd'hui dans une zone de sensibilité particulière à cause de Rio", estime Jean-Christophe Rolland , président de la Fédération internationale d'aviron. "L'idée d'aller plutôt dans un pays stable, cela a pu jouer."
"Mais qui il y a sept ans était capable d'imaginer la situation sécuritaire à Paris, en Belgique ou en Europe ?", s'interroge le champion olympique des Jeux de Sydney en 2000.
"Qui en 2009, alors que la situation économique était florissante, aurait pu prévoir la crise au Brésil ?", poursuit-il. "L'environnement géopolitique et les risques évoluent. La sécurité prend une part de plus en plus importante mais cela ne veut pas dire qu'on ne doit plus avoir ce genre d'événements ou les organiser seulement dans certains pays."