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Football, Coupe du monde et manifestations... Pour les Brésiliens, les jeux Olympiques de Sotchi n'existent pas, ou alors sur une autre planète, sauf pour quelques amateurs de sports de glace qui se glissent dans l'indifférence générale.
A 11.000 kilomètres de la cité russe, Rio de Janeiro prendra le relais olympique avec les JO d'été de 2016. Le Comité d'organisation Rio-2016 a d'ailleurs envoyé 64 observateurs sur place pour s'inspirer de l'expérience Sotchi.
Mais cela paraît bien lointain tant le Mondial-2014 (12 juin-13 juillet) et les championnats de foot accaparent les esprits question sport. Tout le monde a son avis sur Neymar , Fred et les autres de la Seleçao de "futebol". Mais allez donc interroger le quidam sur Jaqueline Mourao...
Cette skieuse de fond était pourtant le porte-drapeau de la délégation brésilienne de 13 membres à Sotchi, record national pour un pays qui ne participe aux Jeux d'hiver que depuis Albertville 1992.
Mourao s'entraîne à l'étranger, en l'occurrence au Québec, comme la plupart de ces sportifs totalement méconnus. Beaucoup de Brésiliens ont découvert qu'ils avaient des athlètes pour la neige et la glace dans des circonstances dramatiques, lorsque la skieuse freestyle Lais Souza s'est gravement blessée fin janvier à un entraînement aux Etats-Unis.
Neymar avait posté sur les réseaux sociaux un message de soutien, abondant la vague de sympathie qu'avait suscité le sort de l'infortunée.
- '77e place, c'est la fête au Brésil' -
Les performances des Brésiliens à Sotchi n'ont pas permis de prolonger cet intérêt subit. Le quotidien sportif Lance! n'accorde que deux pages aux JO, illustrées de grandes photos, après une trentaine consacrées au foot. Une couverture parfois teintée d'ironie.
"77e place, c'est la fête pour le Brésil", titrait le journal le 10 février en commentant le classement obtenu par Mourao dans l'épreuve de sprint de biathlon, sur 84 participantes. "L'important, c'est que je sois arrivée, je ne suis pas tombée", a déclaré la Brésilienne de 38 ans, qui arborait un grand sourire à l'issue de l'épreuve suivante, le 15 km, en terminant... 76e.
Ces exploits laissent le pékin de glace, qui tourne le dos aux floconneuses images télévisées dans les bars, quand le ballon rond sur rectangle vert l'attire irrémédiablement.
"Beaucoup de Brésiliens regardent les Jeux, mais le décalage horaire n'aide pas", soutient Ana Prado, une des responsables d'un blog au nom presque oxymorique, Curling Brasil, et qui a entendu parler de ce sport pour la première fois en 2010.
- 'Florent Amodio à l'envers' -
"Nous avons une équipe brésilienne, mais elle s'entraîne au Canada, dit-elle à l'AFP. Au Brésil, le goût du jeu et les réseaux sociaux contribuent à la croissance de ce sport". Le hockey sur glace, avec ses buts et ses tampons spectaculaires, rencontre ainsi son public.
A Barra de Tijuca, quartier très chic de Rio où une grande partie des JO-2016 se dérouleront, une piste de curling a même été installée par la chaîne SporTV, avec un sol en plastique glissant pour imiter la glace.
Il y a aussi une patinoire comportant le même revêtement. De nombreux enfants viennent s'y amuser et, la plupart du temps, chuter au bout de quelques secondes.
Seule Sophia Duchemin reste debout et zigzague sans effort, après avoir été initiée il y a trois ans en vacances au Portugal. "C'est super amusant, souffle la fillette de 10 ans, dont le père est Français. J'ai commencé à m'y intéresser en regardant les JO de Vancouver en 2010. Quand je regarde les Jeux de Sotchi, ça me donne envie de mettre mes patins!"
"Elle sera peut-être un Florent Amodio à l'envers!", lance sa mère Maria Claudia, en référence au patineur d'origine brésilienne adopté par des Français et qui est devenu champion d'Europe en 2011.
Les sports de glace ne passionnent pas les foules, loin de là. "Mais attendez un peu", avertit Sophia d'un air de défi: "Vous allez voir quand le Brésil aura chaussé ses patins!"