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Paris manque de place, la Seine-Saint-Denis rêve de retombées économiques: le "93" a apporté son soutien officiel à la candidature de Paris aux jeux Olympiques de 2024, qui se joueront, le cas échéant, en large partie en banlieue.
Les JO "seraient un formidable accélérateur des projets prévus dans notre département et une chance pour la jeunesse", a déclaré jeudi le président PS de ce département-symbole de la banlieue parisienne, Stéphane Troussel.
C'est un "projet fédérateur, populaire", qui "transformerait l'image de notre département, parfois dégradée", a-t-il souligné, lors d'une séance extraordinaire du conseil départemental. Un v?u de soutien à la candidature parisienne y a été adopté.
Encore plus qu'en 2012, la candidature aux JO-2024 devrait être celle de la métropole, l'absence de foncier disponible dans Paris intramuros obligeant à construire les équipements manquants dans les départements limitrophes. Bien qu'un scénario au sud de Paris, autour d'Orly, ait été évoqué, la Seine-Saint-Denis, au nord-est, est aux premières loges.
"L'impact principal en termes de réalisations, il est plutôt sur la Seine-Saint-Denis", a ainsi souligné la maire de Paris, Anne Hidalgo.
Elle s'est faite encore plus précise: "le village olympique, les équipements, je pense à la piscine olympique, un certain nombre d'infrastructures ont leur sens sur un territoire plein d'avenir", celui du "93".
Le département, l'un des plus pauvres de France, vante ses grands espaces laissés vides par la désindustrialisation, et un réseau de tram, métros et trains en pleine expansion, Grand Paris oblige. Le décor a priori idéal pour des Jeux sobres et "responsables", comme les promeuvent les responsables de la candidature française.
- L'atout Stade de France -
Point fort: l'incontournable Stade de France, à Saint-Denis. Regrouper athlètes et infrastructures à proximité, et non à l'autre bout de l'Île-de-France, réduirait les déplacements, fait-on valoir.
La "93" est déjà en pleine métamorphose, concerné au premier chef par les chantiers du Grand Paris, qui pourraient être simplement adaptés aux JO. La compétition "serait un booster pour l'ensemble des projets dans les tiroirs, en devenir ou déjà bien engagés", explique Gérard Cosme, président d'Est Ensemble, l'une des intercommunalités du département.
Les emplois et les milliards d'investissements qui se profilent font saliver les élus locaux, dans un territoire longtemps étranglé par les dettes. L'heure est à l'unanimisme -- gauche et droite ont voté comme un seul homme en faveur du soutien départemental aux JO -- mais déjà, chacun pousse ses pions.
Les villes de Seine-Saint-Denis lorgnent notamment sur le village olympique, dont les 15.000 chambres sont promises à devenir 5.000 logements.
Aulnay-sous-Bois rêve à haute voix de le voir construit sur un site "unique" en Île-de-France, desservi par "trois autoroutes et deux aéroports" (le Bourget et Roissy): la friche industrielle de 170 ha laissée par la fermeture de l'usine PSA Peugeot-Citroën.
Est Ensemble, qui regroupe des banlieues comme Bobigny ou Bondy, caresse l'idée d'un village des médias au bord du canal de l'Ourcq et explique pouvoir faire voguer journalistes ou athlètes, en moins d'une demi-heure, jusqu'au Stade de France.
Côté sportifs, on piaffe à l'idée de voir construire enfin ces stades, piscines et gymnases qui font défaut au département le plus jeune de France, et pourtant le moins bien doté en équipements de proximité.
Il n'existe qu'un seul bassin couvert de 50 mètres pour 1,5 million d'habitants, et les piscines sont "insuffisantes et vieillissantes", se désole ainsi Vincent Bruneau, du comité de natation 93.
Les JO seraient aussi un moyen de promouvoir "d'autres sports" que les inévitables football et lutte, omniprésents en banlieue, fait valoir Jonathan Moriame, gardien de l'équipe de France de water-polo qui vit à Noisy-le-Sec.
Seule voix discordante jeudi, celle des écologistes, qui ont boycotté le vote, inquiets des projets "d'investissements surdimensionnés". "Les JO, c'est traditionnellement plus d'avions, plus d'autocars, plus de travaux, plus de déchets. Ce n'est pas soutenable pour la Seine-Saint-Denis", s'est alarmée Frédérique Denis, pour le groupe EELV.