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Bernard Lapasset, futur président du comité de candidature de Paris à l'organisation des JO-2024, et son vice-président Tony Estanguet affichent une détermination teintée de modestie et de prudence au premier jour de la campagne olympique de la capitale.
Le président de World Rugby et le triple champion du monde de canoë, également membre du CIO, réfutent le statut de favori de Paris, face à la concurrence de Boston, Hambourg, Rome et sans doute Budapest dans la course aux JO-2024.
Question: Paris est candidate aux JO après plus d'un an de travail de votre tandem. Quelle sensation domine?
Bernard Lapasset: "On attend depuis tellement longtemps, depuis le premier jour. Aujourd'hui, notre travail est reconnu, on a l'adhésion des élus, le soutien des Franciliens, la certitude qu'on est en phase avec le CIO. On a maîtrisé ce que l'on faisait et on est déterminé pour gagner."
Tony Estanguet : "Je ressens de la détermination, de l'excitation, de la responsabilité, des émotions que j'ai connues athlète. J'ai envie parce qu'on sent que l'on a du potentiel."
Q: Beaucoup vous placent déjà en position de favoris au regard de l'avancée de votre dossier et des commentaires flatteurs du CIO...
BL: "On a voulu rassembler, innover, donner de l'envie, faire quelque chose de bien structuré. Mais favori ou pas, vous avez 80 minutes à jouer, un arbitre et des aléas. C'est l'entraînement mais aussi la détermination qui vous fait gagner."
TE: "On n'est pas dans le +On dit+. La course se gagne le jour J et les moments précédents servent à accumuler de la confiance, monter en puissance. Ne comptez pas sur nous pour nous poser en favoris. On ne l'est pas. On a encore beaucoup de travail devant nous."
Q: Le dossier technique avance dans les temps. Le chantier désormais est la mobilisation de la population, du pays tout entier. Où en est-on?
BL: "On va toucher à des domaines liés à l'environnement, le vivre ensemble, la place des femmes, la santé. On va innover, produire neuf ans d'activité continue sur la vie sociale des Français. Les gens ne peuvent qu'adhérer. On est déjà en contact avec des villes, des décideurs, des associations. Tout le monde répond présent."
TE: "Il faut fédérer les talents de la France pour qu'à cette phase de candidature, il y ait déjà un héritage sur la place du sport, de l'olympisme, dans la société française. Il faut casser les codes, nous ouvrir, parce qu'on ne peut gagner qu'avec le soutien de la population. C'est une immense tâche, très porteuse, mais ça passionne les gens qui ont envie des Jeux. De se greffer sur les Jeux."
Q: Le second axe de communication, primordial puisqu'il inclut les membres du CIO, est international. Comment allez vous travailler?
BL: "Tony a déjà accès aux membres du CIO. Il fait partie de nombreuses commissions. Il est un représentant de la nouvelle génération du CIO. Moi, en tant que président de fédération internationale, j'entretiens des relations à un autre niveau. C'est un jeu de rôle, une vraie complicité. Mais dans tous les cas, il faut trouver un discours pour les membres du CIO."
TE: "On est d'abord dans un travail de veille. Mais ça correspond à notre calendrier. La priorité, c'est de construire un dossier solide pour un public français. Une fois qu'on aura leur adhésion, on pourra convaincre le CIO. Depuis deux ans, je suis à leur écoute, j'essaie de comprendre leurs attentes et on va essayer de leur répondre maintenant. De leur répondre, pas de leur expliquer ce que sont les JO."
Q: Vous faites souvent référence à Londres, parce que ces Jeux y ont été un succès, notamment sur le plan sociétal. Ne pensez-vous pas qu'il faut vous démarquer des Jeux de 2012?
BL: "Les prochaines échéances vont nous apporter d'autres enseignements, celle de Rio par exemple. Londres a sorti son slogan +Inspire a generation+ seulement 6 mois avant l'élection. Il y a un timing à respecter. L'identité de la candidature de Paris, elle se construit mais elle sera exprimée, formalisée, au dernier moment."
TE: "Et il faudra élever le niveau par rapport à Londres. C'est une bonne base de départ mais il faudra faire mieux."