Happy Birthday : |
© AFP/Patrick KOVARIK
La tour Eiffel, soutien de la candidature de Paris aux JO-2024, le 3 février 2017
Qu'ils redoutent un gaspillage d'argent public ou critiquent globalement l'olympisme, les opposants à la candidature de Paris à l'organisation des JO-2024 ne désarment pas mais peinent à mobiliser contre le projet, étudié à partir de dimanche par la Commission d'évaluation du CIO.
Certes, plusieurs pétitions anti-JO ont vu le jour, mais sans jamais prendre d'ampleur.
Ainsi en février, un appel réclamant la tenue d'un référendum était lancé quelques jours avant le renoncement de la candidature de Budapest qui laissait Paris et Los Angeles face à face.
Boostée par le forfait magyar, quatrième défection après Boston, Hambourg et Rome, la pétition a recueilli près de 20.000 signatures. Loin des 266.000 enregistrées en Hongrie.
"L'actualité nationale est occupée par autre chose, mais je pense que ça viendra. Je n'abandonne pas cette idée", explique Danielle Simonnet, élue d'opposition au Conseil de Paris et secrétaire nationale du Parti de gauche. Les opposants parisiens accusent la maire de la capitale Anne Hidalgo de "déni de démocratie", une candidature aux JO n'étant pas mentionnée dans son programme lors des élections municipales de 2014.
Malgré la proximité de l'échéance - le vote du CIO est prévu le 13 septembre à Lima -, Danielle Simonnet ne désarme pas, comptant sur "la contestation sociale très forte contre Emmanuel Macron" conséquentes aux "politiques d'austérité qu'il continuera. A ce moment-là, la question des jeux Olympiques prendra une autre dimension pour les citoyennes et les citoyens".
-'L'olympisme est politique'-
Car le principal motif de réticence est financier. "Le budget présenté nous parait totalement irréaliste, au regard des dépenses multipliées par deux ou trois, voire par dix, lors des précédents Jeux", explique Fabien Ollier, directeur de publication de la revue "Quel sport?".
A l'origine de plusieurs tribunes dans la presse, fédérant universitaires, partis politiques d'extrême gauche et associations, Ollier a publié mercredi dans "Libération", un texte exhortant Anne Hidalgo "à retirer Paris de la course folle des jeux Olympiques".
La question de l'explosion des coûts galvanise l'opposition. "En moyenne, c'est multiplié par deux", précise Wladimir Andreff, l'un des trois experts internationaux ayant conseillé la rédaction de l'étude d'impact commandée par le Comité de candidature.
Si l'économiste du sport n'est pas opposé à une candidature, il milite, en cas de succès, pour un organe de contrôle des coûts et pointe une exception dans les dérives chroniques... Los Angeles, hôte des Jeux en 1984 pour lesquels la ville californienne était seule candidate.
"C'est une bonne nouvelle pour Paris. Ils (Los Angeles) ont pu +imposer+ leurs conditions au CIO. Alors que lorsqu'il y a plusieurs villes candidates, elles surenchérissent", notamment en sous-estimant les coûts, explique-t-il.
Travail précarisé, gigantisme énergivore loin des engagements environnementaux, spéculation immobilière et risque terroriste font également partie des craintes des opposants aux JO à Paris.
Elles s'accompagnent souvent d'un rejet plus idéologique et politique de ce que représentent les jeux Olympiques.
"Je trouve dommage que l'on se limite aux coûts. Il n'y a pas que l'économie. C'est plutôt l'idéologie olympique qui m'inquiète", avance le sociologue Michel Caillat, spécialisé dans les rapports entre politique et sport, rappelant les éditions très politiques de Berlin-1936, Moscou-1980 et Pékin-2008.
"L'olympisme est politique parce qu'il est d'abord traversé par une conjoncture historique donnée. C'est une philosophie, une vision du monde", ajoute-il, s'interrogeant notamment sur la distinction entre sport pour tous et sport d'élite, que les Jeux de Paris aggraverait à ses yeux.