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© AFP/Attila KISBENEDEK
Affiche de promotion de la candidature de Budapest à l'organisation des JO-2024, le 17 janvier 2017 dans la capitale hongroise
De la "frustration" mais aussi beaucoup de soulagement: Budapest affichait jeudi des sentiments mitigés au lendemain du retrait de sa candidature à l'organisation des JO-2024, suite au succès d'une pétition dénonçant le coût de la manifestation.
"Mon coeur était pour les JO hongrois, mais mon esprit a dit non. Il y a tellement d'autres choses plus importantes à financer dans ce pays, à commencer par l'éducation et la santé", confie Eszter Balatoni, une professeure de fitness âgée de 37 ans.
Annoncé mercredi soir par le maire Istvan Tarlos, le retrait de la capitale hongroise laisse seuls en lice Paris et Los Angeles, à moins de sept mois de la proclamation de la ville lauréate par le Comité international olympique (CIO), le 13 septembre.
Cette décision intervient après qu'un mouvement de jeunes militants, Momentum, a revendiqué la collecte de 266.000 signatures contre la candidature, soit presque le double du total nécessaire pour déclencher l'organisation d'un référendum local dans cette ville de 1,7 million d'habitants.
"Je suis frustré car nous n'avions jamais été aussi près du but. Nous avons abandonné alors que la ligne d'arrivée était en vue", a déploré au cours de la nuit Balazs Furjes, le président du comité de candidature, auprès de l'agence MTI. "Nous étions unis, mais nous ne le sommes plus", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, une vingtaine de champions olympiques et paralympiques hongrois, dont la nageuse Agnes Kovacs et la légendaire gymnaste Agnes Kelety, ont exprimé leur "indescriptible tristesse" face à ce retrait, disant pleurer la fin d'un "rêve".
Petit Poucet face aux poids lourds Paris et Los Angeles, Budapest avait joué la carte d'une candidature "modeste" et "à taille humaine", loin de toute course au gigantisme.
Mais sa candidature, soutenue par le Premier ministre conservateur Viktor Orban, a cristallisé tous les mécontentements contre ce dirigeant régulièrement taxé de tendances autoritaires.
- 'Peut-être dans 30 ans' -
Dénonçant l'absence de consultation préalable des contribuables, le Momentum Movement (MoMo) a fait valoir des risques de gaspillage d'argent public et de corruption, soulignant la nécessité d'affecter ces sommes aux besoins quotidiens des Hongrois.
"Je suis heureuse que cette folie soit passée. La Hongrie n'est tout simplement pas assez riche pour se payer des JO. Peut-être dans 30 ans...", a estimé jeudi Zsuzsanna, une informaticienne âgée de 28 ans.
Pour Vilmos Lisztes en revanche, "ces jeunes libéraux ont détruit le rêve de plusieurs millions de Hongrois". "La majorité des frais auraient été payée par le CIO", estime cet entrepreneur âgé de 42 ans.
Leader du MoMo, Andras Fekete-Gyor a regretté jeudi que la mairie et le gouvernement aient annoncé le retrait avant même qu'un référendum ne soit organisé. "Nous avons raté une occasion de débattre sur le fond", a-t-il estimé lors d'une conférence de presse.
Mais pour le politologue Zoltan Cegledi, "le Fidesz (le parti de M. Orban, ndlr), ne pouvait pas se permettre de perdre un référendum à un an des législatives", où le Premier ministre briguera un troisième mandat d'affilée.
Déjà en lice à cinq reprises par le passé, y compris pour les premiers Jeux de l'ère moderne, en 1896, Budapest a vu toutes ses candidatures échouer.
Avant la capitale hongroise, Hambourg (à la suite d'un référendum) et Rome avaient déjà retiré leur candidature à l'organisation des JO-2024, à chaque fois pour des raisons financières.
Concernant Budapest, la décision de retrait doit être formellement adoptée par le conseil municipal le 2 mars, date à partir de laquelle elle pourra être officiellement notifiée au CIO.